Perdy, la reine débridée d’un Ouest très sauvage

Il est l’auteur de Musnet, souriceau fou de peinture qui squatte chez Monet. En quatre albums Kickliy, auteur anonyme dont la lecture des œuvres donne selon lui tous les détails de qui il est, avait littéralement envoûté les lecteurs. Du bonheur, de la gentillesse, de la tendresse, de l’humour, un zeste d’histoire de l’art, un vrai plaisir. Avec Perdy son nouveau titre, on efface tout et on recommence. On garde l’humour à la rigueur mais son héroïne à la carrure de déménageur, aux tresses telles des lianes mortelles, au Colt qui aboie sans cesse, ancienne taularde obsédée sexuelle joue dans un autre registre. Perdy, c’est du lourd, du sanglant, du débridé qui dévaste l’Ouest du Pecos, dératise à coups de 45 et aimerait bien se refaire non pas une virginité, trop tard, mais un beau magot pour changer de vie. Sauf que ce ne va pas être simple et que Kickliy se fait un plaisir de lui tracer un plan de route avec des épreuves diverses et avariées. La preuve dans le titre du tome 1, Fleurs, sexe, braquages. En avant la musique.

Perdy On la libère du pénitencier Perdy où elle semble ne laisser que de bons souvenirs. Elle part avec pour destination Castle Dome et fait ses courses. Au passage elle récupère un morceau de carte, vole un cheval et débarque là où elle a planqué son butin sous un rocher en forme de crâne. Qu’a fait sauter la famille qui a construit dessus sa maison. A y être elle prend un bain, change de fringues, et épargne le couple dont elle pique les économies. Rancunière Perdy mais quand c’est utile. Direction Petiteville où Mademoiselle Rose, la reine des roses fait frémir d’amour tous les mâles en rut du coin. Ils vont avoir de la concurrence en la personne du nouveau médecin, Jean-Luc Marron, un bellâtre français qui fait clignoter le cœur de Rose. Perdy débarque au saloon et s’offre une séance torride avec un malfaisant qui a osé se moquer de sa plantureuse poitrine. Elle trouve un forgeron capable de lui fabriquer le révolver dont elle rêve, pas un six mais un huit coups. Reste plus qu’à aller faire une grosse surprise à Rose qui n’est autre que sa fille Pétunia. Elle a été autrefois sa complice mais elles ont un compte à régler. Perdy a bien l’intention de monter un gros coup pour se refaire.

Du suspense, des sentiments plus ou moins avouables, une naissance mystérieuse, Perdy et Rose ce sont les Thelma et Louise du vieil Ouest. Un langage fleuri pour Perdy qui sait donner d’elle-même quand il le faut et une Rose qu’on sent capable du pire. A part dans Mondo Reverso, et encore car le sujet n’a rien à voir, jamais le western n’avait accouché d’une terreur pareille sans foi ni loi, jobarde à souhait. Il est étonnant Kickliy en nous sortant à chaque fois sous un trait libre mais expressif un personnage improbable. Il y ajoute un petit clin d’œil aux Impressionnistes. Déroutant mais dans le bon sens du terme. Sa Perdy fait le poids.

Perdy, Tome 1, Fleurs, sexe, braquages, Dargaud, 19,99 €

Fleurs, sexe, braquages

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