Il est l’auteur de Musnet, souriceau fou de peinture qui squatte chez Monet. En quatre albums Kickliy, auteur anonyme dont la lecture des œuvres donne selon lui tous les détails de qui il est, avait littéralement envoûté les lecteurs. Du bonheur, de la gentillesse, de la tendresse, de l’humour, un zeste d’histoire de l’art, un vrai plaisir. Avec Perdy son nouveau titre, on efface tout et on recommence. On garde l’humour à la rigueur mais son héroïne à la carrure de déménageur, aux tresses telles des lianes mortelles, au Colt qui aboie sans cesse, ancienne taularde obsédée sexuelle joue dans un autre registre. Perdy, c’est du lourd, du sanglant, du débridé qui dévaste l’Ouest du Pecos, dératise à coups de 45 et aimerait bien se refaire non pas une virginité, trop tard, mais un beau magot pour changer de vie. Sauf que ce ne va pas être simple et que Kickliy se fait un plaisir de lui tracer un plan de route avec des épreuves diverses et avariées. La preuve dans le titre du tome 1, Fleurs, sexe, braquages. En avant la musique.
Du suspense, des sentiments plus ou moins avouables, une naissance mystérieuse, Perdy et Rose ce sont les Thelma et Louise du vieil Ouest. Un langage fleuri pour Perdy qui sait donner d’elle-même quand il le faut et une Rose qu’on sent capable du pire. A part dans Mondo Reverso, et encore car le sujet n’a rien à voir, jamais le western n’avait accouché d’une terreur pareille sans foi ni loi, jobarde à souhait. Il est étonnant Kickliy en nous sortant à chaque fois sous un trait libre mais expressif un personnage improbable. Il y ajoute un petit clin d’œil aux Impressionnistes. Déroutant mais dans le bon sens du terme. Sa Perdy fait le poids.
Perdy, Tome 1, Fleurs, sexe, braquages, Dargaud, 19,99 €
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