La Communication politique, la confiance (ne) règne (pas)

Magicien, homme orchestre, pompier, voila ce que doit être un communiquant quand il a un homme politique à placer aux électeurs. La Communication politique est le thème de l’un des derniers carnets de l’excellente collection La Petite Bédéthèque des savoirs. Et il faut bien dire que cette sortie tombe pour le moins à pic à quelques petits mois d’un élection présidentielle qui marquera vraisemblablement durement l’histoire de la République. Et en plein affaire Fillon. C’est aux USA qu’elle a vu le jour la communication politique. On s’en serait douté. Donald Trump en est le dernier exemple le plus criant, élu face à l’échec d’image d’Hillary Clinton et grâce à la sienne, populiste, qui a touché tous les aigris d’un système élitiste en rupture. Christian Delporte est un spécialiste de la communication politique et signe le texte très documenté. Terreur Graphique est au dessin.

La Communication politiquePresse, radios, TV, sondages, publicité, relations publiques, la « com » est un tout. Il faut raconter une belle histoire qui soit en phase avec l’électeur. Tout va changer, rien ne sera plus comme avant et comme les promesses rendent les enfants heureux, ne pas hésiter à en faire. Même les plus tordues ou impossibles à tenir. Berlusconi, Reagan, Eisenhower porté à la présidence des USA comme Kennedy sur un fil, celui de la communication, Mitterrand le mystérieux, Chirac le clone du Grand Charles, Sarkozy grand maître en la matière, ils sont pour la plupart passé dans ce bouquin au tamis de leurs succès ou de leur échecs mais tous ont été cadrés, mis en scène dès le départ, mais décideurs. Obama incarnait deux mythes, l’homme qui se fait tout seul, symbole typique de l’Amérique et le melting-pot dans lequel tout le monde se fond. Yes we can, et c’était parti quitte à amener ensuite au pouvoir un Trump qui n’y croyait pas. Autorité, énergie, sympathie, ce sont les clés semble-t-il des sondages. Mais alors pourquoi ils se plantent les sondeurs ? La galerie de portraits que l’on trouve dans ce petit guide est édifiante et rappelle souvent des souvenirs oubliés qu’il fait bon de redécouvrir histoire de comprendre si ne ce n’est pourquoi mais au moins comment on en est arrivé là.

Ayez confiance, braves gens. Manipulations, fausses infos, chevaliers blancs journalistes mais copains du pouvoir, torpilles, aucun cadeau en politique, ni en communication. Il n’y a pas de règles, jeu ouvert, tous les coups sont permis. Et l’électeur dans tout ça ? Il s’imagine avoir le pouvoir alors que même quand il vote croyant, en liberté, sortir du chapeau une ou un improbable candidat, il se fait avoir. Une belle synthèse ce bouquin qui permet de trouver toutes les clés de l’affaire qui nous agite. L’affaire Fillon est aussi un acte de communication politique. A trois mois des présidentielles, on découvre une affaire par miracle alors que rien n’empêchait de la sortir avant les primaires. Mais à cette époque le jeu n’en valait pas la chandelle. Aujourd’hui l’occasion a fait le ou les larrons sans excuser qui que ce soit. Simpliste ? C’est ce qui marche le mieux. Pas la peine de faire compliqué. On rebat les cartes, à gauche qui a vu la Vierge, au centre gauche droit où un messie lévite, à droite qui se désagrège, aux extrêmes où on compte en rigolant les coups en espérant tirer les marrons du feu. Finalement, on n’a jamais ce que l’on mérite mais faut pas venir se plaindre ensuite. J-L. TRUC

La Petite Bédéthèque des savoirs, La Communication politique, Le Lombard, 10 €

La Communication politique

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