Petit pays, un génocide à hauteur d’enfants

Le roman de Gaël Faye avait obtenu le prix Goncourt des lycéens et le prix du Roman Fnac. Avec Petit pays que Sylvain Savoia et Marzena Sowa ont adapté on replonge dans le génocide des Tutsis au Rwanda dans lequel la France a eu sa part de responsabilités. Les héros de Faye sont des enfants, métis-rwandais qui plus est dans des familles qui de par la force des choses vont s’affronter pour des raisons ethniques. Un drame atroce dont le récit est remarquablement mené, auquel on est confronté en direct avec un prisme direct sur la réalité, sur les évènement loin des grandes considérations creuses et vides.

Un process lent et insidieux, qu’un père va essayer d’expliquer à ses enfants, des exilés du Rwanda au Burundi. Gaby et Ana, sont des enfants métis franco-rwandais, à qui il parle d’ethnies, Hutus, Tutsi (comme leur mère) et Pygmées qui ne comptent pas peu nombreux. Gaby est un vrai Tutsi, on ne sait pas à quoi il pense. Une question de taille de nez, pas de dieu ou de territoire. A l’école les enfants sont témoins de bagarres entre Hutus et Tutsis. Mais il y a encore peu, c’était la paix, les jeunes élèves avaient reçus des lettres de correspondants français. Gaby, Gino et leur copain rentrent chez eux. La mère de Gaby Yvonne est furieuse qu’il ne soit pas rentré avec le boy Innocent. Dangereux même si Michel son mari français ne croit pas comme elle que la situation s’envenime sur le plan ethnique. Les parents sont séparés et on est dans une ambiance qui n’a rien à envier à celle des colonies. Balade au Zaïre chez Jacques ami de Michel sur fond de racisme ambiant.

Petit pays

Un quotidien pas vraiment sympa, ni rose, tensions, violences latentes entre communautés, en famille. Des privilégiés, des expatriés face à une misère qu’ils ignorent et dont ils se servent. Avec pour Yvonne qui a quitté déjà son village en 1963 alors qu’on massacrait les siens. Et que la haine va rattraper la rendant folle. La menace rode, Gaby en est le témoin innocent, en sera aussi la victime. Le génocide ils vont le vivre en première ligne et on en a les raisons, les explications simples mais implacables pour un massacre programmé à coups de machette. Pathétique et à méditer. Un dessin de Savoia qui est parfait.

Petits pays, Éditions Dupuis Aire Libre, 26 €

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