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La Compagnie Rouge, Ponzio au sommet

Les condottieres, les grandes compagnies de mercenaires, de routiers du Moyen Âge, ce sont les membres de la Compagnie Rouge qui sévit dans l’espace bien des siècles plus tard. Mais la guerre est presque devenue un sport, un jeu avec robots interposés mais parfois tout dérape et alors on en revient aux bons vieux fondamentaux. Rarement un album de BD peut se substituer à un grand écran. Cela semble paradoxal mais Jean-Michel Ponzio (Jour J T39, Lune Rouge) sur un scénario très cadré de Simon Treins a réussi ce miracle. On plonge dans son dessin, ébloui par les images, la richesses des décors, la puissance évocatrice des détails des engins spatiaux et évidemment des choix graphiques des visages ultra-réalistes proches de la photo.

Le vaisseau de la Compagnie Rouge a lâche ses drones sur Antiopos V où Flint Robinson, fils d’agriculteur fête ses 15 ans. Une petite erreur et il détruise une innocente moissonneuse. Ils sont dirigés du vaisseau par Frisette et Cheffe, Rouille et Chérie. Arrivent des robots guerriers des Rippers. La Compagnie Rouge envoie les siens mais le patron des Rippers passe un deal avec La Chouette, patronne de la Compagnie. Ils vont dégager et les laisser gagner leur contrat. La planète va changer de mains ce qui semble réjouir la population. En prenant un verre sur Antiopos V, Frisette est interpellé par le jeune Flint qui connait par cœur l’histoire de la Compagnie, ses exploits, ses stratégies. Comme la Compagnie n’a plus d’archiviste capable de trouver en cas de danger une solution qui a fait autrefois ses preuves, ils proposent à Flint de l’embaucher. Son rêve même si son père est contre. Majeur il part avec eux. A bord La Chouette le baptise l’Innocent. A lui de tenir le journal de la Compagnie Rouge et de boucher les trous de son histoire.

Une saga space opera très bien articulée et surtout extrêmement lisible, dans laquelle on plonge sans retour jusqu’à la dernière page puisque c’est un one-shot de 125 pages qui laisse quand même une porte ouverte à la fin. On est aussi dans un western sidéral avec ces mercenaires de la Compagnie Rouge. Des personnages attachants, des astuces, une loyauté étonnante, des rebondissements et toujours ces vues incroyables créées par Jean-Michel Ponzio (Mémoires de la guerre civile) qui utilise un style désormais très maîtrisé au bord de l’animation sur papier. On se régale et Simon Treins (scénariste prolifique et talentueux avec La Kahina ou Tuez De Gaulle) lui aussi montre un sens du récit parfait. Une belle découverte en ce début d’année.

La Compagnie Rouge, Premier sang, Delcourt, 15,50 €

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