Interview : Christian Gine adapte Conan Doyle avec Sir Nigel, revient à Neige et n’oublie pas Sabre

Christian Gine, avec Roger Seiter, vient d’adapter une œuvre méconnue du père de Sherlock Holmes. Avec Sir Nigel, qui sera un diptyque, on est en Angleterre au Moyen-Age. Sir Nigel est un chevalier courageux, petit et sans argent qui veut conquérir la gloire. Une épopée picaresque avec trahisons, complots, action, tournois dans la tradition d’Ivanhoé ou de Robin Hood. Mais pour Gine, c’est aussi, ensuite, le retour à un vieux compagnon de route, Neige, dont le tome 14, signé Convard bien sûr, sortira en 2020. Neige is back et peut-être aussi un autre héros de Neige, Capitaine Sabre. Rencontré au bord de la Méditerranée, Christian Gine s’est confié à ligneclaire. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

Gine
Christian Gine. JLT ®

Christian Gine, comment est venue l’idée d’adapter ce Conan Doyle, Sir Nigel ? Qui en est à l’origine ?

J’avais travaillé avec Roger Seiter pour Stamford Bridge, chez Glénat dans la série les Grandes batailles navales de Delitte. On m’avait demandé si je préférais épopée romaine ou grecque. Les Romains, je commençais à les connaître. J’ai pris en fait les Vikings. Et j’ai travaillé avec Seiter pendant plus d’un an et demi. C’est après qu’il m’a proposé Sir Nigel.

Sir NigelSéduit de suite ?

Oui. Il m’a envoyé des planches, des dessins et je me rends compte qu’il y avait, en fait, déjà un jeune dessinateur sur le coup. Ce qui me gênait bien sûr. En fait, il n’avait pas été retenu. Donc j’ai accepté de faire le diptyque.

Vous aviez lui le roman de Conan Doyle ?

Oui quand Seiter me l’a envoyé. Je ne connaissais pas Sir Nigel. Par contre je connaissais la Compagnie Blanche qui suit Sir Nigel. C’est un bon challenge à relever. J’ai aimé le scénario qui m’a plu. Cela se passe en Angleterre bien avant Jeanne d’Arc. Très agréable donc OK.

Pour Sir Nigel, vous êtes passé, vous un « classique » du dessin à la main à la table cintiq ?

Ce qui me gênait au départ était l’idée de dessiner sur du verre et finalement je me suis rendu compte que cela ne me posait pas de problème. J’ai mis du temps à me décider.

C’est plus facile ?

On ne gomme pas, c’est plus agréable, plus simple. Sur papier, on dessine un personnage et on se trompe sur les proportions. Il faut refaire alors que là on sélectionne, on joue sur la taille que l’on adapte.On déplace, on élimine. On place les personnages dans le cadrage, on les fait bouger. Chaque dessin est un calque. Par contre, je n’a pas l’impression de gagner du temps. Je fais quatre à cinq planches dans le mois. Comme sur papier.

Le Preu du pont de TilfordLa prise en main a été compliquée ?

J’ai eu avec Olivier Taduc un excellent professeur qui est un fin connaisseur. Il m’a beaucoup aidé.

Sir Nigel est un album très écrit. Cela n’a pas été trop difficile à adapter au dessin ?

Non, car quand les dialogues étaient un peu envahissants on en parlait et Roger taillait.

Le second album sort dans un an. Et si on abordait votre retour à Neige ?

Oui et c’est un grand bonheur. Avec Convard, on fait le 14e. Neige, je l’ai quitté quand il avait 50 ans. On continue et on poursuit l’histoire que l’on avait arrêtée à l’époque.

Pourquoi ce break ?

Je ne répondrais pas à cette question (rires). Je suis heureux et ça fait plaisir à Didier Convard avec qui on avait travaillé plus de vingt ans. L’album sortira dans un an et j’ai fait 10 planches. Il y en aura un autre. On suit jusqu’au 15. Ensuite on verra selon l’accueil du public. Un diptyque peut-être.

NeigeVous avez quatre sorties cette année ?

Oui. Les deux Sir Nigel, la première intégrale de Sabre puis la seconde au Long Bec.

D’autres projets en tête ?

J’aimerai bien travailler sur un Sabre, sur deux scénarios que je n’ai pas utilisés et que j’ai gardé. Ils datent de l’époque de Capitaine Sabre au Lombard. Maintenant si après Didier, un autre scénariste avait envie de reprendre Neige, je suis partant.

Il faut un éditeur pour Sabre.

Oui mais je n’ai pas approfondi le sujet.

Au Long Bec si ils sortent les intégrales ?

Peut-être mais tout dépend des conditions, prix de pages, etc…

Plus d’originaux au fait avec la tablette mais de toute façon vous ne les vendiez pas ?

Je ne suis pas un auteur que ça intéresse. Je vends très peu de planches donc ça ne me gène pas. Au pire, je peux travailler sur la table, imprimer et encrer à la main. Donc pas de problème.

Dédicace de Gine
Souvenir, première rencontre avec Gine… 1989. JLT ®
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