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Lumière noire, pas de deux sans appel

Claire Fauvel et Thomas Gilbert ont dansé un beau pas de deux avec Lumière Noire sorti déjà il y a quelque temps. Il fallait en parler. Claire Fauvel avait de suite séduit avec La Guerre de Catherine de Julia Billet au scénario, primé à Angoulême. On l’avait rencontré pour Une saison en Égypte à ses débuts. La Nuit est mon royaume, autre titre, avait évoqué la vie d’une société qui ne tourne pas vraiment rond pour ses jeunes. Cette fois c’est Ava que l’on va suivre, une chorégraphe désabusée à laquelle Ian va redonner envie de créer. Une belle histoire sans concession, de passion, d’amour et de souffrance, politique, que Thomas Gilbert (Les Filles de Salem) co-signe dessin et scénario avec Claire Fauvel.

Ava Klein n’a pas envie de relancer une création. Elle a connu succès, prix, reconnaissance avec Gloria Mundi, Fauve. Plus de désir, ni de plaisir dans la danse comme elle le dit à sa copine Suzanne. qui décide de lui faire une surprise. Direction Bruxelles pour les deux jeunes femmes où elles se souviennent de leurs années d’étude à la PARTS, leur école. Et c’est au gala de fin d’année qu’elles vont aller. Tous les danseurs sont bons, jeunes et en veulent. Mais quel avenir pour eux ? Et soudain le miracle sur scène, Ian submerge Ava d’émotion par son talent inné. Ava l’approche, prend ses coordonnées et lui donne rendez-vous. Elle lui annonce qu’elle travaille sur un nouveau projet auquel elle veut l’associer. Ce qui est faux. Commence alors un pas de deux qui ne sera pas simple mais exceptionnel.

C’est aussi en quelque sorte une partie de poker menteur cette relation. A Paris, Ian y croit et quel sera le jeu ambigu d’Ava. Une confrontation qui doit mener sans qu’on en soit sûr à l’excellence et évidemment à une part de sensualité que la danse exige. Ava est iranienne, ce qui n’est pas neutre dans cette histoire car ce sera aussi un déclencheur à la perte d’une grand-mère bien aimée. Le déclic et la suite est une envolée graphique étonnante car parfaite, visuelle et vivante. La progression est feutrée, délicate. Le couple s’embarque et avec lui ses lecteurs dans un conte où les symboles foisonnent dans un monde où la violence politique est devenue une constante qu’il faut refuser. A lire à plusieurs niveaux en se laissant emporter par cette superbe danse sous lumière noire signée à quatre mains. Ce qui ajoute à la force du propos, la danse refuge et exutoire.

Lumière Noire, Rue de Sèvres, 20 €

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