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Léna T3, Christin et Juillard pour une fin subtile

Après deux aventures au milieu des années 2000, Léna est de retour pour un troisième album qui au départ, d’après André Juillard, n’aurait dû être qu’un chapitre d’une intégrale. Veuve d’un diplomate tué dans un attentat avec leur fils, Léna, en réalité Hélène Desrosières, est devenue un agent de la DGSI. Ses actions ciblées ont permis d’anéantir des réseaux terroristes. Pierre Christin, grand connaisseur de la géopolitique mondiale, en avance sur les évènements tragiques qui allaient plus tard frapper la France, avait su démonter en particulier dans Léna et les trois femmes (2009) le mécanisme huilé et terrifiant du terrorisme islamiste. Avec un André Juillard toujours aussi brillant, Christin a cette fois mis Léna au cœur d’une conférence internationale où va se jouer la paix ou la guerre dans un Moyen-Orient sous tension. Pierre Christin avait évoqué son scénario dans sa dernière interview avec ligneclaire.info pour présenter son exposition au Festival d’Angoulême. On retrouve Léna avec l’affection pour une amie trop longtemps absente.

Léna est la grande coordinatrice, de noir vêtue à son habitude, d’une conférence secrète au Québec. Un hôtel de luxe est devenue une forteresse où tout est fait pour que les plénipotentiaires des grandes nations puissent s’affronter dans le calme et dans la discrétion. La poche du brasier dans le Territoire, aux confins de la Turquie et de la Syrie, au nord de la zone rouge israélo-arabe, doit avoir des frontières. Léna travaille officiellement pour une agence d’évènementiel. Sir Charles est le président de cette docte et puissante assemblée, Léna assure la gestion des affaires courantes. Mais s’intéresse dans le détails à tous les participants, de la désagréable américaine Miss Bloom au séduisant Prince Mansour ou au nordique Lundqvist. Léna a aussi un rôle de médiateur, certes hôtesse de luxe. On en est à 48 jours de conférence et la tension est palpable.

Une observatrice qui est aussi une actrice dans une pièce de théâtre, un huis-clos qui inévitablement connaîtra des sursauts violents. Que fait vraiment Léna au milieu de ces diplomates ? Des gentils, des méchants, des risques d’attentat et au final quel avenir pour Léna ? Pierre Christin répond à ces questions pour ce dernier opus d’une désormais trilogie dont il faut relire les deux premiers albums avant de se plonger dans ce Brasier, titre de l’épisode, dont on peut croire qu’il nomme le Kurdistan, vision cela dit personnelle. Léna est la narratrice d’un récit très linéaire, finement mis en place et non moins superbement, subtilement dessiné par Juillard. Du grand art tout en nuances et teintes douces.

Léna, Tome 3, Dans le brasier, Dargaud, 15 €

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