Ceux qui me touchent, émotion majeure

Voir une couverture sur laquelle il y a le nom de Laurent Bonneau est déjà un appel impossible à ignorer. On ne peut qu’y répondre en ouvrant l’ouvrage signé au scénario par Damien Marie avec lequel Bonneau avait publié déjà Ceux qui me restent. Donc complicité retrouvée et talent, Ceux qui me touchent est leur dernier concerto, sans vrai lien avec le précédent, en émotion majeure, en tendresse pudique et en réalisme aveuglant. Un abattoir, des cochons, une tatoueuse autiste, une vie en rouge sang et peut-être l’espoir à fleur de peau, Bonneau avec son dessin toujours aussi captivant, Marie avec une écriture qui fait plus qu’égratigner, fait mal et dénonce nos œillères, remet la vision que l’on a de l’art en question, ont apporté un constat brillant mais pas obligatoirement très joyeux sur notre vie.

Ceux qui me touchent

Fabien a fait les Arts Appliqués pour finir tuer de cochons, dépeceur dans un abattoir. Son épouse est infirmière en soins intensifs. Ils ont une petite fille Elisa cela n’a pas été simple de la mettre au monde. Le coule est pris au piège de l’argent qui doit rentrer pour vivre, ni pour ensuite être le plus proche possible d’elle. Elle aime les histoires mais pas le curry qui est jaune. Son père va lui parler de l’alabatwar et inventer une histoire avec un loup et une princesse, des cochons. Et un grand cerf. Au boulot on se tait, on tue, on saigne. Au retour une biche traverse la route, Fabien ne peut l’éviter, l’achève sous les yeux d’un cerf. Tout va basculer. L’histoire pour Élisa où on tétanise les cochons. Mais à l’abattoir il en arrive un avec un superbe tatouage sur la cuisse. Second déclic pour Fabien qui va remonter la piste, trouver la tatoueuse dans une ferme. Mettre sa vie dessus dessous.

Ceux qui me touchent

Aller plus loin serait incongru tant il y a une vraie richesse narrative dans le scénario que Bonneau fait briller par son trait, ses teintes, ses couleurs. Une maîtrise naturelle c’est ce qui. chez Laurent Bonneau s’impose. On est avec le duo dans un univers où l’art, chacun a son idée sur le sujet, a sa place, joue son rôle, se décrypte. La mise en scène, les ambiances, la profondeur des regards, la tristesse ou la joie, les petits bonheurs, les espoirs, 224 pages qui ont une force émotionnelle incroyable. On peut en avoir les larmes aux yeux avec cette histoire implacable qui va faire partie des grandes sorties de l’année.

Ceux qui me touchent, Grand Angle, 24,90 €

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