La 3e Kamera, la chasse aux nazis dans Berlin en ruine

Un volet historique très méconnu, celui des photographes cameramen correspondants de guerre allemands, sous l’uniforme comme aussi les Américains. Dans La 3e Kamera on va en suivre certains au moment le plus crucial de la chute du IIe Reich, Berlin pris par les Russes. Un récit cependant romanesque mais crédible à peu près où un officier SS aurait été pris en photo par un correspondant de la Luftwaffe en plein massacre. Il faudra récupérer ses appareils, deux officiels et la 3e Kamera personnelle qui permettait de saisir aussi, de garder des scènes interdites. Cédric Apikian est au scénario et a rassemblé un très forte documentation. Denis Rodier est au dessin (La Bombe, Arale) et cerne bien son sujet de façon réaliste mais sans excès.

La 3e Kamera Les Russes sont aux portes de Berlin. Hitler sort une dernière fois du bunker et rencontre des jeunes des Hitlerjugend. On est le 20 avril 1945. Le lieutenant Frentz son caméraman de la Propaganda Kompanien attitré le filme. Son supérieur lui dit de prendre le dernier avion si il veut sauver sa peau. Frentz se retrouve en pleine bataille de Halbe au milieu des obus qui tombent. Hitler est mort et il tombe sur un officier SS qui abat ses propres hommes en train de fuir. Il le voit et veut l’abattre mais est soufflé par un obus. Frentz cache ses appareils dans un trou. Le 2 mai au Reichstag, les Russes plantent le drapeau soviétique au sommet de l’édifice. En fait pour la troisième fois afin de pouvoir prendre la photo officielle. Frentz récupère ses trois Leica tandis qu’une Jeep avec trois correspondants du Counter Intelligence Corps (service de renseignement de l’armée) dont le sergent Weisz qui est juif sillonne Berlin en ruines. Trafic de montres ou autres, il y a dans la ville de jeunes Allemands garçons et filles du werwolf, mouvement de résistance aux Alliés occupants (lire Berlin de Marvano, le summum). Elke une jeune fille les dirige et voit Frentz qui se présente devant une boutique fermée à la recherche de la famille Strauss. Il laisse son adresse. Mais les trois correspondants US l’embarque et découvrent les Leica. Un témoin dit à Elke que Frentz cherchait son ami.

Un côté thriller très prononcé dans la veine des aventures de Gunther par Philip Keer (lire La Trilogie berlinoise adaptée en BD). On se doute bien que tout se petit monde va tourner en rond et qu’il y a un très méchant prêt à tout. Nuremberg va avoir lieu et tous les documents pour impliquer d’avantage les chefs nazis sont bons à prendre. Les pistes se croisent, il y a des comptes à régler entre les Alliés et les Allemands qui d’un seul coup n’ont jamais été nazis. Il ne faut pas en dire plus car il y a un vrai suspens même si on se doute bien que Frentz a mis l’œil de son Leica là où il ne fallait pas. Une époque où tout est permis dans un monde pas encore en reconstruction et où la violence la plus extrême est de règle, la folie aussi. Un dessin très efficace et un album qui se lit et se relit pour bien en découvrir les détails. Un dossier historique très illustré en fin d’album.

La 3e Kamera, Éditions Glénat, 23 €

Uniforme de la Propaganda Kompanien
Uniforme de la Propaganda Kompanien. Musée historique de Berlin. JLT ®
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