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Esprits des morts, Corben à sa façon ressuscite Poe

Du Corben sinon rien, et si en plus Corben vampirise dans le bon sens du terme Edgar Allan Poe, on se retrouve avec un Esprits des morts (remis à neuf) qui n’en manque pas d’esprit. 250 pages, une quinzaine des plus célèbres ou pas des nouvelles sanglantes et angoissantes de Poe, Richard Corben revendique mais c’est tellement évident que ses adaptations ne sont que l’interprétation des visions suggérées par Poe dans ses textes. Ses dessins sont la formalisation, il le dit dans l’interview en préface, de ses propres pensées inspirées par les créations d’Edgar Allan Poe. Le duo fonctionne à merveille car Corben à sa façon ressuscite Poe, lui redonne du souffle, le sort d’une certaine routine. Et en fait, on aime ou pas, du Corben avant tout bien que ne trahissant pas l’auteur. Un tour de force remarquable que Delirium, une fois encore, nous permet d’apprécier en exclusivité dans sa nouvelle livrée.

Des nouvelles qui on un arrière goût de Creepy (on se souvient de la publication par Delirium de l’anthologie), tout commence avec Seul écrit en 1829. Solomon, Liea, tout semble aller pour le mieux mais… Il croise son père, sa mère, son ami moineau mort, un mauvais rêve ? Ou un monstre qui le hante ? Direction La Ville en mer de 1831. Un passeur abandonne un homme sur une rive, il vient d’être sauvé d’un naufrage. Un tribunal semble l’attendre. Dans le bateau ce sont des esclaves qu’il a laissé mourir sans pitié. L’enfer ce n’est pas que pour les autres. La Dormeuse date de 1831. Une forêt angoissante, Irène hait son mari Angus. Qui l’a épousé pour son argent alors qu’il aimait Amelia. Elle gène Irène mais il va y avoir maldonne. Sacré Angus il n’en demandait pas tant.

Les teintes, les personnages aux facettes ambiguës, l’absence de sourire, les ambiances qui sont autant de préludes à des drames affreux, Poe excelle. Richard Corben cisèle, accentue les envies malsaines, dramatise l’horreur, en fait un ballet qui ne peut que mal finir. Le Masque de la mort rouge, La Chute de la maison Usher, Double assassinat de la rue Morgue sont aussi de la fête macabre parsemée parfois d’un érotisme troublant. Un incontournable ce recueil réalisé entre 2012 et 2014 avec une nouvelle couverture et une nouvelle inédite.

Esprits des morts & autres récits d’Edgar Allan Poe, Delirium, 28 €

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