Les Carolingiens, ramdam chez le Grand Charles

Avec un peu d’avance, parution le 11 janvier, on ne résiste pas à vous annoncer, à chroniquer un des plus réjouissants albums de ce début d’année. Les Carolingiens de Pierre Place (Muertos, Le Silence de Lounès avec Baru plus réaliste) sont un vrai bonheur d’humour historique, décalé et d’une rare finesse de ton mine de rien. On y ajoute une mention spéciale pour le dessin de Pierre Place issu d’une famille où on sait ce que bien dessiner veut dire. Il y a chez Place un trait original digne des grands illustrateurs du siècle dernier (qui n’est pas si loin), capable de s’adapter à tous les thèmes. Jeanjean, Calvo, Ungerer, on en passe avec Place. Il a ce dessin ironique, un brin caricatural qui sait remplir agréablement et joyeusement les cases. Ce sont les Carolingiens dont ce futur sacré Charlemagne qui sont les héros de cette fresque digne de Bayeux. Il leur en est vraiment arrivé des vertes et des trop mûres.

Les Carolingiens

A la mort de Pépin le Bref, ses deux fils Charles et Carloman se partagent le royaume. On est en 768 et tout commence. D’abord Pépin il est décédé d’avoir ouvert un paquet postal du Pape pour son épouse aux grandes dents. Choc cardiaque imparable, funérailles et on passe à autre choses avec les rejetons. Charles futur Magnus a une copine Himiltrude de Soissons à laquelle il écrit des billets très doux. Carloman et lui ont besoin d’assoir leur pouvoir car il y a des envieux comme les Danois et puis en 768 c’est l’hiver du siècle, le manant se meurt facile de faim. Roland est là avec son cor. Il n’a pas inventé la poudre mais a bon fond. Charles (qui on le dira tout net a un petit air du Grand Charles, le général), a un bon évêque comme conseiller, Eginhard, de père en fils. La Himiltrude, la reine mère ne peut pas la sentir et lui filerait bien une dose de poison pour rigoler un coup. Quant à la délégation d’Aquitaine avec Hunald le duc et Loup de Vasconie ils vont aller au bain.

On révise la grande Histoire en souriant, en rigolant même. Ces Carolingiens sont des cas douteux. Pires que Amour, gloire et passion, les bougres. Des violents et Himiltrude des Bois, wokan et wokistes réunis. Ganelon est là lui aussi. Une belle brochette de vainqueurs qui ont fait notre Histoire, enfin presque.

Les Carolingiens, Tome 1, Fluide Glacial, 15,90 €

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