Grand Silence, la parole pour se libérer

Un album dont on n’ avait pas encore parlé mais que l’on a lu et relu, celui de Sandrine Revel et de Théa Rojzman (Assassins, Pie XII), Grand Silence. Des enfants violés, sexuellement agressés, des incestes le plus souvent, sans oublier tous les faits qui ont eu lieu dans des milieux éducatifs religieux catholiques dont on parle enfin aujourd’hui. Il y en a près de 200 000 viols ou agressions par an en France. Une île où les cris des enfants sont avalés, un homme à la barbe noire et au faux sourire, des familles qui ne savent pas ou ferment les yeux ne pouvant croire à l’impensable, Sandrine Revel de son trait si délicat a mis avec une pudeur et une force folle ce conte violent, vrai et sans concession et pourtant si beau.

Grand Silence

Un mariage où le petit Freddy, 11 ans, rencontre le frère de la mariée, Octave, un jovial barbu qui va l’amener se promener dans les bois et le viole. Freddy se tait. Quelques années plus tard le couple a eu des jumeaux mais se déchire, sépare les enfants. Dans l’usine Grand Silence avale les cris des enfants. A l’école Maria est en fauteuil roulant et cherche à faire s’exprimer les enfants. Freddy a grandi et est ami avec son cousin Arthur à qui il fait faire des bêtises. Octave approche la jeune fille de sa sœur Ophélie et la nuit entre dans sa chambre. Maria qui est une victime que le viol a paralysé entend les enfants crier. Mais Grand Silence veille.

Grand Silence

Une métaphore que celle de Grand Silence, tous se taisent, n’écoutent pas, on honte, éprouve de la haine. Les enfants doivent parler aux adultes. Maria sera le détonateur. Grand Silence doit mourir, c’est la seule solution. Théa Rojzman et Sandrine Revel ont signé un livre indispensable car poétique, porteur d’espoir et de rêve malgré la gravité du sujet. Ces silences sont des ennemis qu’il faut vaincre pour retrouver au moins la liberté de parler, de témoigner pour combattre un fléau monstrueux. Remarquable.

Grand Silence, Glénat, 23 €

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