Hiver à l’opéra, un flic ronchon et une danseuse mortelle

Il y avait eu pour démarrer cet ode policière aux saisons, Automne en baie de Somme, un petit bijou sur fond de Paris 1900, Alfons Mucha le peintre illustrateur, de belles « cocottes ». Le tout avec un flic méticuleux, Broyan, borné mais efficace ce qui ne l’empêchera pas de faire des boulettes, marqué par la mort de sa fille après un avortement sanglant. C’est Philippe Pelaez (lire son interview) qui toujours tire les ficelles de cette nouvelle enquête, Hiver à l’Opéra que l’on peut lire indépendamment du tome 1, et dessinée par Alexis Chabert (Punk Mamy) comme le premier. Un Opéra Garnier où les cadavres vont fleurir sur scène et rappeler qu’il peut toujours y avoir un fantôme dans ses entrailles.

Hiver à l'opéra

Une danseuse fatiguée et l’Opéra Garnier en février 1987. Sur scène La Damnation de Faust de Berlioz. Dans la salle l’inspecteur Broyan révoqué, Pierre Séverin extrémiste de droite des ligues patriotiques. Plus le président de la République Félix Faure et le colonel Tréveaux chargé de sa sécurité qui a disparu. Enfin presque car il est dans les cintres nu et suspendu avant d’être égorgé et jeté dans le vide pour planer au dessus des spectateurs. Chaude ambiance pour Faust et réaction de Broyan alors qu’une silhouette dans une cape s’échappe sur un fiacre. Broyan rejoint la mystérieuse meurtrière qui l’invite dans la salle des morts de l’Hôtel-Dieu. La femme évoque la mémoire de la fille de Broyan, Florine avec laquelle elle lui propose de communiquer. Mais tout dérape et la jeune femme est défigurée par une lampe à pétrole. Elle se jette dans la Seine et Broyan est interrogé par ses ex-confrères.

Hiver à l'opéra

Philippe Pelaez signe un suspense (pas un mot de plus) que n’aurait pas renié Gaston Leroux et pour cause, fantastique en plus, médiums et au-delà. Tatillon, Broyan va mener son chemin de son côté alors qu’il fricote désormais avec la droite extrémiste. Excellente reconstitution de l’époque, des décors, des personnages que le découpage, le souligné noir des cases, le trait à la fois élégant et perçant d’Alexis Chabert illumine, lui apporte sa dose d’angoisse, de frayeur pour ce récit dramatique, esthétiquement parfait comme le premier tome. De la vraie bonne BD comme on aimerait en voir plus souvent. Un duo d’auteurs au top. Une couverture splendide.

Hiver à l’Opéra, Grand Angle, 17,90 €

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