Pacific Palace, le Spirou d’un Durieux très inspiré

Dès sa pré-publication dans Spirou on avait été accroché, emballé par le travail de Christian Durieux. Son Pacific Palace relance de belle manière la collection Le Spirou de. On se souvient du très sensible Les Gens honnêtes scénarisé par Gibrat et dessiné par Durieux. Durieux a l’émotion à fleur de peau. Son Spirou amoureux transi de la fille d’un dictateur en fuite a, à la fois, la douceur d’un roman sentimental et la noirceur d’un grand moment hollywoodien, thriller où tout peut arriver. Ce qui sera le cas en toute crédibilité. Si on y ajoute un Fantasio gaffeur mais bien là et nécessaire, plus mature, on a un grand moment de BD très inspiré qui aura une suite.

Pacific Palace

Fantasio est groom au Pacific Palace. Éternel fatigué, viré du Moustique, il est la cible du directeur qui l’a embauché sur les recommandations de Spirou. Qu’il commence à énerver. A la TV, la journaliste Seccotine annonce que le Pacific Palace, vidé de ses clients, est bouclé par la police car il va abriter le dictateur en fuite Iliex Korda et sa famille. Korda avait fait le ménage autour de lui pour prendre le pouvoir. Mais c’est bien à une fuite post-révolution que ressemble son passage au Pacific Palace. Quand apparait Elena fille du tyran, Spirou a un flash, il tombe raide amoureux de la belle mais froide brune. Fantasio qui est avant tout journaliste connait tout de la carrière sanglante de Korda. Ce qui ne l’empêche pas de faire les yeux doux à Elena. Mais le directeur recadre son personnel. Tout ce qui se passera dans l’hôtel doit rester confidentiel.

On sait que c’est Ceausescu, potentat roumain sanglant qui a très mal fini en décembre 1989, surnommé le génie de Carpates ou le Danube de la pensée, qui a servi de modèle à Durieux pour Korda. La révolution roumaine de 1989 l’enverra rapidement devant un peloton d’exécution avec sa femme. Le très vilain dictateur Korda, surnommé chez lui le boucher, est accueilli en France, ce qui s’est déjà vu. Korda et la France se sont aidés mutuellement peut-être et se renvoient l’ascenseur ? Allez savoir. L’hôtel a déjà vu Korda dans le cadre d’un accord de paix qui l’avait rendu célèbre mais aussi Marilyn Monroe, Michael Jackson. Durieux donne à Monsieur Paul, directeur du palace, un rôle intermédiaire prépondérant et très riche. Ensuite tout va se passer à huis-clos avec un choix judicieux des décors, des fonds de cases, auquel l’humour violent de Elena force l’effet. La belle et la bête, la fille et le père. Allez à suivre, à découvrir sur 80 pages de plaisir avec rebondissements, un Fantasio qui retrouve ses réflexes de reporter. On va de surprise en relance, Christian Durieux nous promène avec brio et intelligence. La couverture est superbe.

Le Spirou de Christian Durieux, Pacific Palace, Dupuis, 16, 50 €

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