Vendetta, et si Lénine avait fait aussi la révolution pour se venger ?

Et si Vladimir Ilitch Oulianov avait aussi fait de la révolution russe une histoire personnelle, une vengeance, pour rayer de la carte la lignée des Romanov par vengeance ? Vendetta raconte par le détail comment un jeune homme devenu Lénine, promis à un bel avenir va être le Robespierre de la chute du Tsar, jusqu’au-boutiste sans pitié d’une doctrine, d’une idéologie, le communisme, certes à l’échelle d’une nation, d’un peuple mais aussi arme meurtrière pour aller au bout de son propre projet de règlement de compte. On ne refait pas l’Histoire mais Loulou Dedola a su parfaitement rédiger la biographie d’un Lénine machiavélique, obsédé et investi, appuyer sur sa volonté comme en France pour Louis XVI de tuer le tsarisme afin qu’il ne puisse renaître de ses cendres, faire le vide autour de lui. Le récit est captivant, souligné par des textes à bien lire pour comprendre qu’aucun obstacle, aucune manipulation ni amitié n’aurait pu arrêter Lénine ni ceux non plus qui n’attendait que sa disparition pour être pire que lui, Staline, Beria, Trotski. Le dessin de Lelio Bonaccorso (qui a fait l’excellent Le Père Turc et Le Sarde avec Dedola) s’impose en noir et blanc sous aplats et quelques teintes de rouge évidemment.

La vengeance des Oulianov

En 1887 des étudiants qui on voulu attenter à la vie du Tsar sont jugés, condamnés. Parmi eux Alexandre Oulianov anarchiste. Les Oulianov étaient pourtant reconnus par la famille impériale mais rien n’y fait. Alexandre est pendu. Et Vladimir jure qu’il tuera tous les Romanov. Alexandre était à la mort de son père le chef de famille mais il choisit d’aller étudier à Saint-Pétersbourg. Quand il est arrêté, la famille Oulianov est mise au ban de la société russe. Vladimir aussi qui est interrogé, étudiant en droit et rejeté par l’université. Il passe son examen d’avocat en candidat libre, la rage au cœur. Il rejoint un mouvement clandestin qui prône la révolution, trouve du travail en 1892 surveillé par la police politique. La famine fait rage en Russie. Celui qui n’est pas encore Lénine considère qu’aider les paysans ne peux que retarder la chute du Tsar.

Vendetta

Prêt à tout et en ne lâchant jamais rien, bête politique d’un opportunisme glaçant, il part rapidement à la chasse aux appuis, de Liebknecht à Lafargue gendre de Marx, Jules Guesde, Julius Martov, Rosa Luxemburg, l’élite révolutionnaire et socialiste européenne dont il veut se se servir. Il va très vite trancher dans le vif, se méfie des socialistes qui se perdent en bavardages, mais l’exil le frappe. Le parcours de Lénine, son nom de guerre, n’est fait que d’obstacles qu’il saute avec brio, éliminé, talent car d’une intelligence rare. C’est aussi un doctrinaire qui passe de Londres à Munich, rencontre Trotski son futur ennemi mortel qui le trahit. Bolcheviks, Mencheviks de Martov, janvier 1905 et l’armée qui tire sur la foule est une première étape. La suite, c’est dans Vendetta qu’il faut la redécouvrir en tout point authentique mais avec cette haine sous-jacente de Lénine pour les Romanov qui se finira Iekaterinbourg. Loulou Dedola s’implique avec force et talent, pointilleux et objectif. Une biographie qui se lit comme un thriller noir.

Vendetta, La vengeance des Oulianov, Steinkis, 18 €

Vendetta

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