Manon des Sources, avant le drame

Adapter Manon des Sources après Jean de Florette était une évidence d’autant que c’est dans le cadre de l’excellente collection Pagnol chez Grand Angle. Il y aura donc deux tomes de cette saga provençale qui a été l’occasion à l’époque de découvrir Madame Pagnol, Jacqueline, filmée par son mari en Manon séduite par Raymond Pellegrin instituteur archéologue. On rappellera aussi la belle version de Ferrandez en 1997. C’est Christelle Galland qui est toujours au dessin depuis le tome 2 de Jean de Florette, dessinatrice notamment de La petite fille qui voulait voir la guerre. Serge Scotto et Éric Stoffel poursuivent leur grand œuvre avec une passion et une imperturbable fidélité a tout le talent de Pagnol. Pour l’anecdote, Manon des Sources vient d’être rediffusée à la TV. On est toujours aussi subjugué par la prestation de Montand et d’Auteuil en Ugolin.

Manon des Sources

Mano, la fille du Bossu, vit avec sa mère dans une maison troglodyte et élève quelques lapins, des chèvres. Ugolin s’est lancé dans la culture des œillets grâce à la source miracle volée à Jean de Florette. Avec l’aide du Papé il a pu investir grâce à la fortune des Soubeyran. Un nouvel instituteur est arrivé au village et a été rapidement adopté. Il parcours la garrigue à la recherche de pierres fossiles. Il va bien sûr rencontrer Manon qui ne va pas le laisser indifférent. Ni non plus Ugolin qui découvre Manon nue en train de se baigner et en tombe amoureux fou. Il est désormais prêt à tout par amour pour elle.

Manon des Sources

Une tragédie villageoise, dont l’eau est le mobile ce qui la rend finalement très actuelle. Une eau qui va devenir, on le sait car le suspense est éventé depuis longtemps, une arme imparable. Une vengeance subtile, progressive et qui aurait pu aller jusqu’à la mort du village mais chez Pagnol la morale est souvent sauve sans pour autant, et c’est bien, tomber dans le grandiloquent ou la violence gratuite. Chez Pagnol c’est l’humain qui prime, les sentiments même si dans Manon des Sources on est dans un tragique sans appel. Manon aurait pu devenir une meurtrière. Reste que l’adaptation est très fidèle, détaillée bien plus et c’est normal que le film. L’Eau des collines, le roman a paru dix ans plus tard que le film Manon des Sources sorti en 1952 où le rappelle la postface, Jean de Florette était peu évoqué. Un premier volume qui remet en place les personnages, cadre l’action et prépare une suite sans appel. Le dessin est cadré sans fausses notes.

Manon des Sources, Tome 1, Grand Angle, 16,90 €

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