La Petite fille qui voulait voir la guerre, une jeune Poilue témoin de son temps

Avec la fin de la commémoration du centenaire de la guerre de 14, ce dernier trimestre 2018 va voir apparaître bon nombre d’albums sur le sujet. 11 novembre 2018, cent ans et peut-être aussi, un risque, le début de la fin, à savoir un recul de l’intérêt pour la Première Guerre Mondiale que la mission du centenaire, et en BD tous les albums publiés, avait permis de remettre en perspective. On ne le souhaite pas. Raison pour laquelle il faut saluer le travail éditorial des éditions Bamboo Grand Angle qui ont été en première ligne, c’est le cas de le dire, et depuis longtemps avec des albums thématiques. En particulier ceux scénarisés par Jean-Yves Le Naour qui s’est imposé rapidement comme un leader compétent en la matière. Avant de bientôt traiter la fin des Godillots et de l’Ambulance 13, c’est de La Petite Fille qui voulait voir la guerre dont on va parler. Le Naour au scénario et Christelle Galland au dessin (Le Fils de l’officier) pour un album original en tout point.

La Petite fille qui voulait voir la guerre Clémence découvre que le nom de sa famille figure sur le monument aux morts du village. Ses parents en pleine crise de couple lui conseille d’aller voir son grand-père pour en savoir plus. Au grenier elle trouve des lettres envoyées par une Clémence, comme elle, à un soldat parti au front mais les lettres ne sont pas ouvertes. Clémence commence à les lire et elle va revivre août 14, la mobilisation. Elle décide de faire un exposé pour l’école sur son grand-père en fait mort en 14 ce qui expliquent les lettres encore fermées. Petit à petit elle reconstitue la vie quotidienne des ces agriculteurs qui vont partir en guerre. Mais ses parents décident de se séparer. Clémence apprend que les femmes remplacent les hommes. Les enfants jouent à la guerre et les réfugiés arrivent. L’ancêtre de Clémence a été porté disparu et son corps jamais retrouvé. Sa fille à l’époque l’apprend et décide d’aller enquêter sur le front. Elle se cache dans un train et rejoint le 134e régiment d’infanterie de Mâcon où on lui confie des lettres et des souvenirs à ramener aux familles. Tout en lui confirmant le décès certain de son père.

Jean-Yves Le Naour dans ce récit à deux narrateurs, les deux Clémence, donne aussi la parole à tous ceux qui ont eu à pleurer la disparition d’un être cher. Il y a la curiosité puis le travail de recherche de cette jeune fille à qui, par ses lettres, l’autre Clémence passe le relais pour que la travail de mémoire s’accomplisse. Un angle d’autant plus intéressant que beaucoup de famille ont conservé les courriers cette fois des Poilus qui s’adressaient à leurs enfants ou ont tenu des carnets de route mis au grenier et qui y sont parfois encore. Le Naour s’est basé sur l’historique du 134e RI de Mâcon pendant la guerre. A la fin de l’album un cahier rassemble une documentation qui évoque également la vie à l’arrière ou la propagande. Un album bien fait qui aurait sa place comme support d’étude de l’Éducation Nationale.

La Petite Fille qui voulait voir la guerre, Grand Angle, 14,50 €

La Petite Fille qui voulait voir la guerre

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