Exposition Gotlib à Saint-Malo, l’effet coccinelle à partir du 29 juin avec Quai des Bulles

C’est un incontournable, un monument, un dieu-vivant, une idole, Chéops, l’Arc de Triomphe (on se calme !). Ah le rendez-vous hebdomadaire avec tonton Marcel, sa rubrique à brac, les Dingodossiers, son Newton, sa coccinelle, ses jolies pages dans Pilote et puis Hamster Jovial, Super Dupont. Marcel Gotlib, il était venu au premier festival BD de Nîmes avec Uderzo, Tibet. Un vrai souvenir de plaisir et de bonheur.
L’association Quai des Bulles (en partenariat avec Dargaud et Fluide Glacial) organise l’exposition événement autour du travail de Marcel Gotlib, qui aura lieu du 29 juin au 27 octobre à Saint-Malo. Cette grande exposition, L’effet coccinelle, retracera l’œuvre de Gotlib à travers une scénographie ambitieuse et monumentale, et sera l’un des grands événements culturels du Grand Ouest en 2013 !

L’effet coccinelle

Et qui mieux que Gérard Cousseau, auteur et scénographe, pour tracer le portrait, la vie et l’œuvre de Gotlib. En finesse avec le choix des mots et des émotions. On sent le vécu, la trace authentique de l’évangélisation, la communion avec le héros. Aussi ligneclaire se permet-il de reprendre son texte qui accompagne le dossier de presse de l’exposition, parfaitement écrit, au ton juste, chaleureux, drôle et vrai. Lisez et vous saurez tout et plus encore sur Marcel Gotlib, l’effet coccinelle (les intertitres sont de Ligne Claire) :

Si l’effet papillon relève plus d’une notion philosophique – sa réalité mathématique ou météorologique restant quasiment impossible à prouver -, l’effet coccinelle, lui, a maintes et maintes fois été démontré au travers d’une œuvre gigantesque. Ce curieux effet y est d’ailleurs systématique. Le moindre petit mouvement de plume sur la première case de la première page encore vierge d’une histoire concoctée par Gotlib déclenche à coup sûr une véritable tempête de rire jusqu’à la dernière case. Mieux : Une tornade, un ouragan, un
tsunami de bidonnade garantie, mouchoir indispensable.

Une carrière toute en bulles et un style inimitable

Tout d’abord lettriste chez Édimonde, « bullant » en quelque sorte pour Mickey, Marcel Gotlib se plie aux mêmes influences que celles de toute une génération. Très vite, il va pourtant littéralement « tomber en arrêt », à la manière de son épagneul breton en action sous l’œil scientifique du Professeur Burp, devant l’innovation de MAD, un magazine qui faisait alors exploser les règles fondamentales de l’humour, avec Kurtzman, Davis, Elder, Wood et bien d’autres… Le jeune auteur sait désormais dans quels univers il conduira ses bandes dessinées. Suite à ce véritable coup de foudre, le style Gotlib se crée à la vitesse de l’effet coccinelle. Un style inimitable, explosif, délirant, surréaliste, magnifique, puissant comme du Beethoven.

L’effet coccinelle

Après Beethoven, le silence est encore de Gotlib ! Son catalogue inépuisable d’onomatopées, d’expressions et de gestuelles en est la preuve. L’auteur est imprévisible; en plein milieu d’un récit, son inspi-ration peut partir en vrille… Son seul souci est l’efficacité, la précision, la maîtrise totale du rythme dans lequel il veut embarquer son lecteur. Pour un bon gag ou un bon mot surgissant à l’improviste, il n’hésite pas à prendre des chemins de traverse. Dans le seul but de faire rire. Faire rire ! Souci obsessionnel chez Gotlib.

Tendresse et angoisse réunies

Pourtant, très souvent, sous les fous rires débridés, l’homme cache parfois une immense tendresse, parfois une profonde angoisse.Outre ses nombreuses collaborations avec d’autres dessinateurs (Fred, Alexis, Mandrika, Solé, Franquin…), une foultitude de personnages et de situations pré-textes au rire vont alors voir le jour : De Nanar et Jujube à Rhâââ Lovely, en passant par Gai Luron, les Dingodossiers avec Goscinny, la Rubrique à Brac avec ses célèbres Newton, Charolles, Burp, Hamster Jovial, Super Dupont, Pervers Pépère et cette inénarrable coccinelle, héritière de la souris qui déjà sévissait sous la patte de Gai Luron, l’auteur nous emporte, nous transporte, nous fait proprement exploser de rire à chaque page. Du coup, ses joyeux «délires» deviennent indispensables en nous épargnant à coup sûr le ronron d’un CDI en psychanalyse.

Une œuvre de salubrité publique

La BD de Gotlib devrait être remboursée par la Sécu. Si elle ne l’est, ne le fût et ne le sera jamais, c’est probablement à cause de quelques lobbies pharmaceutiques ayant tout à fait conscience que leurs antidépresseurs ou autres poudres anesthésiantes verraient alors leur marché se réduire comme peau de chagrin… Gotlib n’est pas qu’un simple dessinateur, il est aussi un écrivain. Il est même sans doute plus écrivain dans l’âme que dessinateur. Alors il entrecroise les genres, écrit avec le dessin ou bien dessine avec les mots, difficile de le cerner, la frontière entre les deux pratiques se promenant inlassablement sur le fil recto verso d’une bande de Möebius.

Superman

Preuve en sont les somptueux lettrages dans ses phylactères et les petits bijoux d’invention dans ses dialogues d’une redoutable précision d’horloger. Personnellement, lorsque j’avais treize quatorze ans, j’attendais chaque semaine avec une impatience folle le journal Pilote (ndlr : idem, ça crée des liens) avec la même impatience que celle de croiser un jour le regard de la petite blonde qui régulièrement occupait le deuxième siège de la quatrième rangée du vieux bus qui nous conduisait au lycée. Alors, à défaut de sauter sur les yeux de ma blonde, je sautais sur la Rubrique à Brac… Avec mon meilleur pote de l’époque, qui lui n’aspirait qu’à sauter sur la BD, on se récitait par cœur tous les gags, case après case, puis on essorait nos mouchoirs jusqu’au prochain numéro !

Avec nos respects, Sire

L’univers de Gotlib est bâti avec la même minutie, la même précision et le même génie qu’il faut aux abeilles pour construire une ruche. Quantité infinie d’alvéoles bien rangées les unes auprès des autres. Dans chacune de celles-ci, une trouvaille, un mot d’esprit, des expressions de visages les plus folles, des tournures de phrase désopilantes, des bruitages tonitruants, des gags imprévisibles… Dans les planches de Gotlib, jamais de grande case à la fin révélant tout du gag avant même que l’on ait attaqué la première case! L’auteur prend la main de son lecteur et l’entraîne tranquillement pour un voyage délicieux, s’arrêtant à chaque case pour y faire découvrir une ou deux pépites incontournables, jusqu’à l’accompagner dans ses éclats de rire tout en lui tapotant amicalement le dos.Cependant, paré de son habit de coccinelle, Gotlib est seul dans sa ruche. Il en est à la fois l’ouvrier, le butineur, le gardien et le roi…

Un roi de la BD que je remercie infiniment de m’avoir « schwarzeneggerisé » les muscles zygomatiques avec autant d’efficacité.

G.C

Les thèmes abordés dans l’exposition

L’homme, le scénariste-dessinateur-écrivain, les caractères divers de ses personnages et séries cultes ainsi que ses nombreuses collaborations.L’homme : Celui qui a su faire exploser les règles traditionnelles de la narration en bande dessinée, au travers de ses mises en page innovantes, son trait si personnel et particulièrement reconnaissable, ainsi que son omniprésence dans ses propres œuvres en mélangeant savamment l’auteur et ses personnages…

Les personnages

Humains, animaux, figures connues de l’Histoire ou anonymes, héros improbables… Gotlib s’intéresse à tout ce qui peut être à l’origine d’un bon gag.

Kingovzeuweurld

Les séries

Des Dingodossiers à la Rubrique-à-brac en passant par Hamster Jovial, Pervers pépère, l’inspecteur Charolles ou Gai luron, Gotlib s’amuse et met en scène sa propre vision de la société…

Les collaborations

Réalisation de scénarios pour les autres, pour le cinéma ou quelques délires radiophoniques, Gotlib touche à tout, son génie atteint les sommets. Dans cette exposition, un seul guide et cela s’impose : Gotlib lui-même, tel qu’il s’est maintes et maintes fois dessiné à tous les âges, accompagné de sa fameuse coccinelle, personnage phare et peut-être bien le préféré… Le guide nous entraîne alors dans un grand voyage au travers de l’Histoire, revisitant celle-ci de Charlemagne à… À lui-même !

Les supports

Tous les supports les plus décalés sont utilisés afin de retrouver avant tout l’esprit explosif et déjanté de l’œuvre :

  • Encadrements classiques et gigantesques, cadres suspendus dans le vide habillant les verticales…
  • Sculptures monochromes ou colorées… Jusqu’à des personnages monumentaux…
  • Décors reconstruits à l’identique…
  • Fresques peintes sur bois…
  • Tirages sur toile ou divers autres supports…
  • Vidéos et ambiances sonores…
  • Un espace Boutique (vente de produits dérivés, albums)
  • Un livre d’or où chacun est invité à dessiner une coccinelle, en plus de ses propres commentaires

Où ?

Saint Malo, Intra-muros. Située au cœur de la magnifique cité corsaire, la chapelle Saint Sauveur offre une superficie de 500 m2 d’exposition.

Quand ?

Du 29 juin au 27 octobre 2013, soit une durée d’exploitation de 121 jours. Le vernissage aura lieu le 29 juin, à 10h30, accessible sur invitation.

L’organisateur :

Association Quai des BullesL’association Quai Des Bulles a été crée en 1992 pour permettre au Festival de la Bande Dessinée de Saint-Malo, dont la première édition date de 1981, de se développer et ainsi permettre à un très large public de découvrir l’univers du 9e Art sous toutes ses formes. Le Festival Quai Des Bulles qui avait réuni en 1992, 20.000 visiteurs, a su, depuis fidéliser un large public et de nombreux professionnels. En 2012, le Festival a accueilli 32.000 visiteurs et 570 auteurs. Ces rencontres sont désormais considérées par tous (public, presse et professionnels) comme le second festival de la Bande Dessinée en France après celui d’Angoulême, tant en notoriété qu’en nombre de visiteurs.

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