Grand Prix 2020 du Festival, Emmanuel Guibert investit pour cinq mois le Musée d’Angoulême

Un titre qui est séduisant, amical pour l’exposition d’Emmanuel Guibert au Musée d’Angoulême. « En bonne compagnie », c’est le titre, avec le Grand Prix 2020 du Festival investit pour cinq mois le Musée d’Angoulême.

Emmanuel Guibert

En janvier 2018, Emmanuel Guibert, lauréat du Prix René Goscinny – Prix du scénario 2017, inaugurait – lors de la 45e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême – une large (et belle !) rétrospective. En septembre et octobre derniers, il exposait des planches de ses bandes dessinées consacrées à Alan Ingram Cope et au photographe Didier Lefèvre à l’Académie des beaux-arts de Paris. Il fallait aller encore plus loin pour surprendre, captiver, étonner avec une exposition placée sous le signe de l’inédit ou de la rareté. Grand Prix, l’auteur a choisi de présenter en 2021 à Angoulême des œuvres jamais exposées jusqu’alors et d’ouvrir son exposition à un « collège d’amis ».

Emmanuel Guibert
Emmanuel Guibert

Né en 1964 à Paris, Emmanuel Guibert débute sa carrière dans la bande dessinée avec Brune, une œuvre sur la montée du nazisme au style hyper réaliste qu’il abandonnera vite. L’album, qu’il met sept ans à réaliser, paraît en 1992. Fréquentant les auteurs de la toute jeune maison d’édition L’Association, il commence à publier des récits dans la revue Lapin, et intègre l’atelier des Vosges aux côtés notamment d’Émile Bravo, Christophe Blain et Joann Sfar. Sur un scénario de ce dernier, il dessine La fille du professeur, Alph’art coup de cœur et Prix René Goscinny – Prix du scénario au Festival d’Angoulême en 1998. Emmanuel Guibert y met en place un dessin en sépia, sensible et souple, un style graphique qu’il continue à façonner dans Le Capitaine écarlate avec David B. au scénario (2000). Toujours avec Joann Sfar, il débute en 2000 la série pour enfants Sardine de l’espace dont il écrit d’abord le scénario avant d’assurer aussi le dessin. Il laisse libre cours à sa fantaisie et développe son talent de conteur. Il dessine à partir de 2001 la série Les Olives noires (3 volumes) sur un petit garçon juif en Judée il y a 2000 ans, encore avec Joann Sfar au scénario.

Au tournant des années 2000, Emmanuel Guibert débute la publication d’un projet ambitieux et de longue haleine, une suite d’albums inspirés par les souvenirs de son ami américain Alan Ingram Cope, La Guerre d’Alan (trois volumes de 2000 à 2008), L’enfance d’Alan (2012), Martha et Alan (2016). De son trait élégant et tout en retenue, d’une grande technique, Emmanuel Guibert excelle à mettre en scène la vie d’Alan, exposant l’intime avec une pudeur subtile. Ce magnifique travail de passeur de mémoire se prolonge dans Le Photographe (trois volumes de 2003 à 2006), inspiré des souvenirs et des photos rapportés de voyages en Afghanistan avec Médecins sans Frontières par le photojournaliste Didier Lefèvre. Ici, photos et dessins se complètent et se confondent, pour mieux fixer le temps et les souvenirs. Le Photographe sera récompensé à travers le monde avec le prix Essentiel d’Angoulême en 2007, le Eisner Award de la meilleure édition américaine d’une œuvre internationale et le Prix Micheluzzi de la meilleure série étrangère en 2010.

En bonne compagnie

Dans Alan comme dans Le Photographe, Emmanuel Guibert, par son geste virtuose et sa technique, sublime l’intime et le quotidien, magnifie l’anodin et le temps qui passe, et surtout, place inconditionnellement l’humain au cœur de ses récits. Un intérêt pour l’autre que l’on retrouve aussi bien dans Des nouvelles d’Alain, livre sur les communautés roms d’Europe réalisé avec Alain Keler, que dans la série pour la jeunesse Ariol qu’il crée en 2000 avec Marc Boutavant au dessin. Là, sous couvert de raconter les aventures d’un petit âne anthropomorphe, il explore la vie moderne et le quotidien à hauteur d’enfant, faisant pour cela appel à ses propres souvenirs. Emmanuel Guibert reçoit en 2017 le Prix René Goscinny – Prix du scénario pour l’ensemble de son œuvre.

Dans un premier espace baptisé Herborisons, on découvre des images qu’Emmanuel Guibert, dans l’ensemble, n’a jamais montrées. Pas de bande dessinée ici, mais des peintures de tous formats, des estampes, des dessins et des carnets de croquis ; des travaux de plein air, sur le motif, pour une visite aux airs de promenade campagnarde. (Sources Festival d’Angoulême).

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