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Cruelle, traumatismes et thérapie

Un vrai cas social, Florence. Un Attila juvénile, la huitième plaie d’Égypte, le Sanson des animaux, avec quelques circonstances atténuantes dont des parents qui voit la Vierge. Florence Dupré La Tour raconte son enfance et son adolescence avec ses frères et sœurs. Elle est Cruelle, sans détour ni façon. Dès son premier cochon d’Inde, elle marque une nette préférence pour la mort du sujet. Un parcours atypique qui, certes, met en relief le côté un peu sadique des enfants mais avec Cruelle crée un malaise certain devant cette accumulation de violence et de mal être évident généré aussi par l’environnement familial.

Enfant d’expatrié, Florence a son premier animal de compagnie à Buenos-Aires. Elle va lui apprendre à sauter d’un arbre ce qui pour un cochon d’Inde n’est pas gagné. Elle meurt la bestiole et Florence considère que celui de son frère n’a qu’à faire pareil. Le spectacle de la vie ne fait que commencer. Place au lapin décapité par un chat. Pas de bol Florence, la malédiction règne. Elle y met du sien faut dire. De quoi culpabiliser. Elle ira en enfer. Mélange des genres et discours familial lénifiant. Retour en France et on apprend comment la vieille déshabille un lapin. Traumatisme en prime.

Et on n’arrête pas. De la chair fraîche, on en a au fil des pages. Florence à la ferme. Vive le boudin frais et le canard sans tête. On y ajoute des références historiques comme les camps de concentration. Et les petits chats ? Même le père s’y met. Florence devient ado et c’est pas gagné. Quand elle devient mère elle -même, on a la clé du sujet et une interrogation. Où elle va Florence ? Une biographie en trois volets dont ce premier tome ne peut que toucher car libérateur et franc. Une thérapie. On est au bord du gouffre, celui du pouvoir de l’enfant qui balance entre le bien et le mal selon ce qu’il ressent ou voudrait pouvoir dire.

Cruelle, Dargaud, 18,95 €

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