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Babyface, renaissance

Olivier Balez avait été le président du 22e Festival de Sérignan dans l’Hérault. Il a signé un des exemplaires d’Infinity 8, Beauté Noire et adapte cette fois avec une belle sensibilité un roman très émouvant de Marie Desplechin (Le Journal d’Aurore avec Agnès Maupré), Babyface. Une histoire de passion, d’amitié mais aussi de rejet, de bêtise d’adultes à courte vue, de renaissance. Balez a su faire passer dans son travail toute l’émotion qu’on ressent au parcours de cette Nejma si paumée et pourtant prête à toutes les tendresses à condition de percer la carapace qui la protège.

Nejma rançonne Freddy, enfin presque, au moins pour les apparences. C’est la mal aimée du collège. Elle est pour les autres enfants, grosse, méchante, moche. Mais il ne faut pas trop la chercher. Comme ami elle n’a que Freddy et les profs la vireraient si ils pouvaient. Avec Freddy elle habite le même immeuble, vit seule sans père qui est parti pendant que sa mère travaille. Freddy, d’origine indienne, est fan de catch. Quoi qu’il arrive à l’école c’est Nejma qui trinque alors elle se balade au super-marché en rêvant à tout ce qu’elle ne peut avoir sous l’œil du gardien qui la piste. Les parents de Freddy sont prêts à le recevoir, à l’inviter à diner mais elle refuse, par pudeur. Mais au super-marché arrive Isidore, nouveau vigile, qui va lui parler, lui demander son nom en souriant.

Un peu d’attention, un mot, du sport mais aussi l’injustice malgré une nouvelle directrice, un quotidien qui va déraper, un petit chien, Nejma va finir par avoir, grâce à Isidore, une autre vision d’elle-même. La progression sera lente, pas facile. Marie Desplechin a parfaitement rendu la complexité d’une situation très tendue. Une métamorphose que Olivier Balez a merveilleusement mise en images, en textes. On s’attache à Nejma, le dessin et le format choisi par Balez porte tout l’espoir que contient cette histoire, on y croit. Un bel album tout public.

Babyface, Rue de Sèvres, 14 €

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