Si elle n’existait pas, grâce à Marie Desplechin, il faudrait l’inventer. Encore que cela ne serait pas de la tarte. Aurore est une adolescente capable de faire devenir dingue une famille entière, la sienne de préférence, une tête de mule jamais contente, qui se croit persécutée, une tête à claques qui, mais si, a un bon fond. Il faut certes être un spéléologue accompli pour y accéder au fond et on le touche rapidement car Aurore sait y faire. En lisant son journal sous les plumes complices de Marie Desplechin, qui avait signé les trois tomes de son journal à L’École des Loisirs, et d’Agnès Maupré rencontré à Angoulême dont on avait adoré Milady de Winter, on hésite entre exaspération et émotion pour cette jeune fille dont la tendresse se cache sous un caractère de feu. Un voyage sans retour au bout d’un enfer drôle, touchant, à mourir de rire tout en écrasant parfois une larme attendrie.
Aurore doit avoir dans les seize ans, une vie d’une banalité même pas affligeante, normale. Ses deux sœurs sont pour l’ainée une bimbette évaporée et la plus jeune un futur Prix Nobel. Au milieu Aurore, élève de troisième qui va redoubler, fait de la figuration tout juste intelligente avec des parents dépassés par les évènements et heureusement des grands-parents soixante-huitards attardés. Aurore tient son journal d’un vide abyssal mais il va y avoir du changement au royaume de la Lolita sous les formes de Marceau, un mec plus ou moins parent de sa meilleure amie. Il y aura aussi la prof de Maths qui va permettre à Aurore de se refaire une santé côté théorèmes et probabilités. Elle ne le sait pas encore Aurore mais elle est comme les navires de haute mer. Elle passe le cap de Bonne Espérance, celui entre l’adolescence et l’âge adulte. On la plaint un peu mais elle n’a que ce qu’elle mérite. Il y en a eu d’autres avant elle.
C’est vrai qu’avoir une fille comme Aurore doit demander une force d’âme digne d’un saint. Encore que bon, à titre personnel, on a en a vécu d’autres. Aurore a plein de qualités mais elle ne sait pas encore comme arriver à trouver le bonheur, sourire à la vie et arrêter d’em… le peuple pour le plaisir. Et ça elle sait le faire, Aurore. Une fille subtile mais qu’on ne peut pas ne pas aimer. Marie Desplechin a sûrement eu des modèles vivants ou est-ce autobiographique ? Il faudrait le lui demander. Aurore, Marie et Agnès forment un trio qui fonctionne à merveille. Il y aura un tome 2, et tant mieux.
Le Journal d’Aurore, Tome 1, Jamais contente… …toujours fâchée ! Rue de Sèvres, 15 €
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