Orwell, Pierre Christin avec Verdier révèlent l’homme et l’écrivain

Orwell Un vrai monument, bien conçu, pointu dans tous les sens du terme, le Orwell de Christin et Verdier est une somme qui peut se lire sans pour autant être un connaisseur appliqué d’un auteur atypique, visionnaire, précurseur et génial. Comme il est dit dans la page de garde, Orwell est plus qu’une synthèse. Il aurait tout été, de flic à journaliste, combattant pour la République espagnole, jardinier, romancier et socialiste. L’un pouvant aller avec l’autre. Pierre Christin, avec le brio qu’on lui connait, son sens des mots, sa fulgurance d’esprit, a tracé un portrait à la fois éclectique et très personnel d’Orwell au point que l’inconnu devient presque transparent. Son double peut-être ? On peut en dire tout autant du dessin de Sébastien Verdier, rencontré au Festival de Sainte-Enimie. Il a pris son temps pour construire cette œuvre en noir et blanc parsemée des couleurs de quelques guest stars, de Juillard à Bilal, Larcenet, Blutch, Balez ou Guarnido, des amis que Christin a sollicité pour qu’ils donnent leur vision de l’univers d’Orwell.

Orwell

Eric Blair, futur Orwell, est né avec le siècle, le XXe. Il a su très tôt qu’il serait écrivain, aura une enfance triste et solitaire. Il subira les rigueurs de l’enseignement britannique et ira à Eton, une référence, mais loupera Oxford. Il deviendra policier en Birmanie, anti-impérialiste. Retour en Angleterre, il est anti-conformiste si ce n’est arnarchiste. En France il est plongeur dans un restaurant. Il rentre chez lui dans une misère certaine. Le journalisme le séduit, il se met à écrire des romans et devient George Orwell, le nom sous lequel il va devenir célèbre. Il se marrie avec Eilleen et s’embarque pour l’Espagne où dans une guerre fratricide se joue le sort de la République face au fascisme.

Dédicace de Sébastien Verdier

Ce qui est certain, c’est que la vie d’Orwell n’a pas été un long fleuve tranquille. D’où son œuvre sans pareille marquée entre autres, on le voit dans l’album, par la Guerre d’Espagne que Christin détaille avec de passer au stade suprême du Orwell orwellien, la réussite à la clé. On lit avec surprise mais intérêt des prises de position d’Orwell étonnantes, appuyés sur des extraits de ses écrits. Big Brother n’a pas gagné. La postface signée par Christin explique comment Orwell a inspiré Pierre, son travail d’anticipation politique. Une cause commune, brillante et révélatrice.

Orwell, Dargaud, 19,90 €

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