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Indiana, belle et triste à en mourir

George Sand, ex Aurore Dudevant, savait qu’il valait mieux en cette année 1832 avoir un nom d’homme pour s’imposer en littérature. C’est elle qui le dit dans la préface dessinée par Catel Muller de l’adaptation de son Indiana aussi prise en mains et crayons ensuite par Claire Bouilhac. On va donc suivre de très près les atermoiements sentimentaux de la belle brune qui a petit air d’Adjani, épouse malheureuse d’un vieux mari, sœur de lait d’une non moins belle créole, Noun, et passion d’un ami d’enfance au visage d’ange. Elle ne va pas avoir une vie ni un destin facile Indiana, voyage lointain à la clé.

1830, en Brie, où pas grand chose ne se passe, Indiana est dans son castel. Avec elle le colonel Delmare qui s’ennuie plein de rigueur et d’autorité, en prime le mari d’une jeunette de 19 ans dont il ne supporte pas le chien. Il y a aussi le sémillant mais pas rigolo non plus Sir Ralph à qui elle a dit qu’elle n’allait pas bien et le lui a répété. Sir Ralph pense qu’en France les mots ont plus de poids que les idées, surtout pour les femmes. Mais un inconnu a pénétré en cachette dans le parc. Delmare le blesse d’un coup de fusil alors qu’Indiana fait un malaise et est secourue par Noun sa sœur de lait créole comme elle. Beauté éclatante pour Noun, pâle pour Indiana. Delmare ramène l’intrus et découvre que c’est le jeune nouveau propriétaire d’une petite maison proche. Et qui semble s’être intéressé à Noun. Il s’agit de Monsieur de Romière. Industriel il voulait visiter l’usine de Delmare qui tourne bien. Les pions sont en place.

On va dire simplement que c’est un très bon texte mais qui supporte mal une adaptation en 176 pages. Languissante la charmante Indiana, et longueur des évènements qui conduisent à un Je t’aime moi non plus évident. Elle va craquer Indiana prise au piège de De Romière et en voir des vertes et des pas mûres. On avait beaucoup aimé du même duo La Princesse de Clèves. Indiana est dans la même lignée sentimentale. Prologue et postface dessinées par Catel replacent Indiana dans le contexte George Sand. Et l’album dans celui de la future révolution de 1830 pratiquement oubliée aujourd’hui. Un trait fin et délicat pour un roman qui a un texte encore une fois remarquable mais qui se prête mal au jeu de la BD quel que soit le talent de ses créatrices.

Indiana, Dargaud, 25,50 €

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