À la Recherche de l’homme sauvage, yéti

Un peu attendu avant de se plonger dans À la Recherche de l’homme sauvage de Frédéric Bihel. Une erreur car cette histoire a du poids, de la saveur et inévitablement une belle part de nostalgie pour ceux qui gardent, sans pour autant être des fous de Tintin, un excellent souvenir de Tintin au Tibet. Des aventures épiques avec une palette de second rôles, et même de premier, qui se décryptent et qui font sourire, charment. Si on y ajoute qu’en plus le héros Augustin a dû naître en 1951, passer son bac en 69-70, alors là on dit bravo. Manquerait plus qu’on s’identifie à lui pour partir sur la piste du yéti au fin fond de l’Himalaya. Car c’est ça l’histoire de Frédéric Bihel (Milady) qui transcende ce périple enivrant, lui apporte une vraie beauté intérieure sur un dessin qui éclate dans des pages d’une grande beauté réaliste.

À la Recherche de l'homme sauvage

Paris 1960 la maman d’Augustin est convoqué par le directeur de son école car il dessine de drôles de monstres dans ses cahiers. Inquiétant. Le jeune garçon passe son temps au Musée, fait des cauchemars où il y a l’homme-ombre. Il lit Tintin et sa mère lui offre Tintin au Tibet qui l’absorbe totalement. Il a perdu son père. Dix ans plus tard, Augustin en 1970 montre ses dessins à Judith sa copine au bar le Vingtième. Elle lui présente le professeur Roch du Muséum que Augustin a croisé autrefois. Elle le surnomme le vieil australopithèque. Augustin est toujours obsédé par l’homme-ombre. A la librairie les Indes Noires, titre d’un roman de Verne, il trouve enfin une piste. Les hommes reliques du Tchatril par Igor Semechki pourrait bien apporter la solution. Mais qu’est-il devenu ? Augustin va partir à la recherche du yéti et tomber sur le très curieux mais fort sympathique André Capitaine.

À la Recherche de l'homme sauvage

On ne dévoile rien, on ne parle plus de Tintin au Tibet, de Haddock, des Dupont, de Milou, d’un clone de Omar Sharif et de Tchang évidemment. Reste le yéti mais cela est une histoire dans l’histoire. Il y a dans cette aventure une grande sagesse, une philosophie mystique mais bien déclinée. On a aimé cet album avec un gros faible pour Capitaine en blouson de vol Irvin, sensible, humain. Augustin ira-t-il au bout de sa quête ? Pris au jeu de cette mise en perspective séduisante, onirique, bien bâtie, émouvante dans laquelle s’est investi Frédéric Bihel. Un seul petit regret, la couverture qui n’apporte pas une force suffisante à l’exception du contenu.

À la Recherche de l’homme sauvage, Delcourt, 24,95 €

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