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Talleyrand, traître et patriote ?

Le diable boiteux, ou comme l’a dit Napoléon « de la merde dans un bas de soie », il n’empêche que Charles-Maurice Talleyrand-Périgord fait partie des rares grands hommes français a avoir été un maître diplomate et politicien de très haut vol qui a mis l’intérêt de son pays au dessus de tous. Sans pour autant cependant négliger les siens, traître mais des dirigeants ou grand Français, le débat est ouvert depuis des lustres. Il sera un des piliers de l’Empire mais le lâchera quand il comprend que la France va sombrer avec lui. Tourner sa veste n’est pas le terme qui lui convient. Visionnaire, lucide, d’une intelligence rare, Talleyrand est une synthèse haut de gamme. Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, l’historien Emmanuel de Waresquiel au scénario et Andrea Meloni au dessin en tracent un portrait biographique qui sort de l’ordinaire par une trame qui explique les grands moments des choix de Talleyrand, en détails, pour bien les comprendre.

Février 1754, Talleyrand nait avec un pied-bot ce qui l’empêche de faire une carrière militaire. Son arrière-grand-mère va croire en lui et lui demande d’être plus intelligent que les autres. Direction le séminaire. Mais en 1814 Talleyrand a un rendez-vous aux Tuileries. Napoléon l’attend, ce ministre le plus capable qu’il ait eu mais homme d’intrigue immoral. En 1797 cela a été le coup de foudre pourtant entre les deux hommes. En 1814 Paris est sous le feu ennemi, la fin de l’Empire est proche. Talleyrand est à la manœuvre grâce à ses relations privilégiées avec les monarques d’Europe. Pour lui la trahison est une question de dates. La paix est la priorité mais l’Aigle n’en veut pas. Même si le désir du peuple français est unique, être guidé et mené par un berger. Rien n’a changé plus de deux siècles après.

Si l’on veut hormis cette BD très bien écrite, pertinente biographie, avoir une vision complète de Talleyrand, il faut voir ou revoir Le Souper avec Claude Brasseur et Claude Rich de Molinaro d’après Jean-Claude Brisville. Tout y est dit, montré, décrit. Une étude psychologique de Talleyrand et de Fouché, deux crocodiles sans pitié mais finalement patriotes dans le même marigot. Un manipulateur hors normes, diplomate hors pair au Congrès de Vienne, il surfera sur tous les régimes. La Royauté, la Révolution pendant laquelle il veut nationaliser les biens de l’Église ce qui était gonflé. Il échappe à la Terreur, doué. Directoire, Consulat, Empire la totale et rebelote, la monarchie. Talleyrand, c’était un génie de la politique. Un cahier termine l’album pour bien montrer son parcours, collé aux grands évènements de l’époque.

Talleyrand, Glénat Fayard, 14,95 €

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