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Fournier a eu une Vie de rêves et s’expose chez Maghen à Paris

Dans une bande dessinée autobiographique préfacée par Emmanuel Lepage qui a été son élève, Jean-Claude Fournier retrace les anecdotes qu’il réservait jusque-là à sa famille et ses amis. On découvre sur un trait très ligne claire et avec plaisir les secrets d’un grand nom de la BD qui ressemblent beaucoup par moments aux nôtres. À partir du 7 mai et jusqu’au 1er juin 2024, Jean-Claude Fournier fera l’objet d’une exposition à la galerie Daniel Maghen ou on pourra admirer les planches originales de son nouvel album Ma vie de rêves, aux côtés de rares pages tirées de ses albums de Spirou et Fantasio ou de Bizu.

Dès sa naissance, Fournier est un cas avec un crâne en pain de sucre. Son enfance est heureuse avec un père formidable qui va lui faire une Jeep sur mesure. Les années cinquante, des photos de la Fête des Fleurs, pas un roi du sports le jeune Fournier mais déjà du dessin. Le pétou (joli mot d’autrefois) ça lui arrive. Et à son instit aussi qui a la baffe facile (oui on en prenait et personne ne portait plainte). Son tonton Albert avait été cap-hornier et une belle imagination qui va lui faire des cauchemars maritimes. En 1955 il collectionne les reliures du journal Spirou sans se douter qu’un jour il le dessinerait, lit Tintin. Et se fait gronder par sa mère parce qu’il lit des illustrés (il n’a pas été le seul).

Son enfance à Saint-Quay-Portrieux, la guerre, l’occupation, les bêtises d’un enfant rêveur, la découverte de la musique, les premiers amours, le choc de découvrir le travail de Franquin dans les pages de Spirou, tout y est. C’est ce même Franquin qui donnera de précieux conseils au dessinateur débutant, fera entrer son petit Bizu dans les pages du journal et lui confiera, quelques années plus tard, le destin de Spirou. Fournier réalise entre 1968 et 1981 neuf albums dont Le Faiseur d’Or ou L’Ankou, qui devint l’emblème de la lutte contre le nucléaire à la fin des années 1970. En racontant ces années Spirou, Fournier raconte aussi l’amitié qu’il a partagée avec les grands dessinateurs du journal. C’est ainsi que Franquin, Morris, Tillieux, Will et quelques autres deviennent les personnages de cette « autobédégraphie ».

Un récit que l’on parcourt avec joie, un dessin qui a évolué, des documents sympas, le bagad breton, la première cigarette, une bonne-sœur qui a peut que « ça chie des pointes ». le Solex (on en a eu trois dont le très bon 3400), l’atelier de Franquin, Tilleux, le nucléaire, Fournier signe une autobiographie rare qui a tout de la bonne BD. Des tranches vie d’un temps révolu et qui nous envoie une bouffée de nostalgie car c’était aussi celui de notre enfance. Un excellent cahier final d’illustrations.

Fournier, Ma vie de rêves, Éditions Daniel Maghen, 26 €

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