On pense immédiatement à un western qui aurait l’Afrique pour décor. Mais pas que, ce serait simpliste. Dans Terre Gâtée, Marguerite Abouet et Charli Beléteau ont donné à Christian De Metter matière à mélanger les genres, tout en renouvelant aussi celui du western tant les personnages, les motivations sont similaires aux classiques en la matière. Mais Terre Gâtée parle avant tout d’immigration, de vie au pays mais à quel prix, de passions et d’argent. Une nouvelle frontière mais où est-elle dans ce monde aride où vivent migrants, errants et natifs ? Une Afrique revue, recalibrée, plus riche qui est une terre de luttes et de violence, d’incompréhension et d’injustice au moment même où ses ressources pourraient apporter paix et prospérité. Au total une fable, un conte mais de feu et de sang.
Il y a le héros solitaire mal en point, le tueur et ses hommes de main, les Indiens exploités qui sont les Errants, les trafics et la construction pas du chemin de fer mais d’une route. Il faut y ajouter la tenancière sympathique et l’héroïne au cœur d’artichaut qui chante son désespoir. Les Errants vont attaquer Fort Apache car ils en ont assez qu’on les repousse de plus en plus loin. L’Ange se fourre dans de sales draps et on verra dans le prochain tome comment il s’en sort. Les Migrants partent vers l’Ouest mais pas en caravane. Donc oui, on est dans une sorte de western mais en plus complexe si ce n’est que par le fait que tout se passe aujourd’hui dans une Afrique revisitée. On peut être surpris par l’histoire qui est relativement simple sur le fond mais bâtie de façon intéressante et surtout originale. De Metter au dessin donne le ton juste et nécessaire.
Terre Gâtée, Tome 1, Ange, le migrant, Rue de Sèvres, 16 €
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