Bloodstar, un Corben au sommet

Un nouveau petit bijou chez Delirium qui les accumule avec une politique éditoriale de haute qualité. Richard Corben décédé en 2020 signe scénario et dessin de cette adaptation de La Vallée du Ver de Robert E. Howard qui date du début des années 80. Traduction de Doug Headline pour rester parmi les meilleurs. Bloodstar est une saga héroïque post-apocalyptique, l’affrontement de deux mondes à travers les pas d’un homme poursuivi par un destin contraire. Un mélange de SF, de fantastique, du Corben dans le texte qui est parmi les plus aboutis de ses albums, un one-shot captivant d’un très haut niveau graphique et d’écriture publié après une campagne réussie de financement sur le net.

Bloodstar Pluton, la planète qui fait des siennes, une étoile errante et boum, la Terre est dévastée par des phénomènes destructeurs. Fin de notre monde et pas du monde pour une population sceptique au début, anéantie ensuite. Des survivants, des mutants aussi bien humains qu’animal, des tribus revenues à l’âge de pierre deux cents ans après le cataclysme. Le vieux Grom et Bloodstar chassent des daims mutants. Grom est gravement blessé. Il va raconter à Bloodstar l’histoire de ses origines, de son père, de sa rivalité avec Loknar, du chef de la tribu Byrdag, de sa fille Helva. Il lui apprend aussi comment lui Grom a été épargné vaincu dans un combat par Bloodstar l’homme qui a une étoile au milieu du front. Quand Helva doit épouser Loknar devenu chef.

Une tragédie en fait ce Bloodstar avec tous les ingrédients et les personnages qu’il faut. Le narrateur témoin de son temps, le héros solitaire mais amoureux, courageux, guerrier de choc, on y ajoute une dose d’érotisme à la Corben, des muscles, un brin d’humour sur une scénographie rapide. Richard Corben sait créer des univers incroyables mais qui gagnent leur réalité sans difficulté. Une belle quête violente aux aplats noir et gris, au trait souligné. On relit ce Bloodstar plusieurs fois pour mieux en découvrir toutes les subtilités artistiques.

Bloodstar, Éditions Delirium, 25 €

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