Saison de sang, transmission

On l’avait un peu oublié ce Saison de sang et il aura fallu écouter quelques avis de lecteurs pour y revenir. Un duo improbable et muet traverse un monde en mode plus que dégradé, un univers post-apocalyptique, sur une autre planète, où cependant la beauté peut encore exister. Mais quel est leur but, leur avenir, le sens de cette marche sans retour ? Au scénario on a Si Spurrier sur un dessin de Matias Bergara (ils avaient signé Coda Omnibus primé par l’ACBD) avec, et elles sont superbes capitales, aux couleurs Matheus Lopes. Près de deux cent pages au fil des saisons que l’on accompagne surpris, étonné et conquis.

L’hiver, la neige, une petite fille dans le poing protecteur d’un géant d’acier que l’on comprend redoutable, la glace. Les loups pensent trouver une proie, erreur tandis que l’enfant que son gardien habille de peaux de bête s’extasie devant une fleur colorée qu’il lui coupe. Le soleil montre ses premiers rayons, la survie n’empêche pas des facéties enfantines. Ils avancent tout droit, et ne peuvent reculer. Le destin de la fillette est devant elle. Pourtant la vie colorée est là tentante qui va finir par la pousser à se rebeller, essayer de savoir qui se cache dans le géant de fer. Pas de pause possible, ni de contact avec ceux qu’ils croisent hiver, printemps, été, automne. Les éléments s’y opposent aussi.

Le dessin est d’une rare beauté, les décors, les paysages. Il y a bien sûr une explication dans ce voyage initiatique, de transmission à l’infini, au renouvellement que l’on comprend peu à peu. Même si pris par la force esthétique du graphisme on décroche du fond. Des poursuivants, des ennemis qui veulent empêcher le cycle, des peuples opprimés ? Le défi de cette Saison de sang est dans l’absence de dialogues et donc dans ces images qui se suffisent. La voie est tracée et se renouvelle. Une œuvre singulière pour ne pas dire unique qu’il faut regarder.

Saison de sang, Dupuis, 19,95 €

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