Cheval de bois, cheval de vent, un tourbillon enchanté

On a une affection ancienne pour Gradimir Smudja pour l’avoir interviewé au tout début de sa carrière française et souvent rencontré ensuite, de Vincent et Van Gogh au Carnaval des Muses, au Voyage au Fil de l’art. Qu’il s’associe, lui un maître du dessin romantique et baroque avec un scénariste aussi cocasse et subtil que Wilfrid Lupano ne pouvait que donner naissance à un conte charmant, charmeur mais aussi porteur de messages pertinents. Un gros roi égoïste qui a déjà tout ce dont il peut rêver, deux enfants qui veulent chevaucher le vent, un gâteau enlevé et un vrai jeu de l’oie sur le thème de l’album pour clôturer le tout, on nage dans le plaisir enchanté du tourbillon Smudja-Lupano.

Cheval de bois, cheval de vent C’est le jour de son anniversaire au roi capricieux qui va être inondé des cadeaux les plus beaux, les plus farfelus et que son chambellan l’assure de l’amour de tout son peuple. Mais deux enfants dans un quartier pauvre de la ville, masque de loup sur le visage, s’apprêtent une fois encore à tenter de chevaucher le vent, le ventre qui crie famine, alors que le roi fait bombance. Ils réussissent à grimper sur le dos du vent mais enlèvent au passage l’énorme gâteau d’anniversaire du roi, son vertige crémeux aux fruits exotiques. Horreur et damnation, le roi part à leur poursuite sur son cheval de bois et comme une certaine autre reine veut qu’on leur coupe la tête à ces malandrins. A condition de pouvoir les rattraper.

Les pages de Smudja sont flamboyantes pour cette course sur le cheval de vent, des panoramiques comme il sait les inventer, fluides, éclatantes et d’une richesse extrême dans le détail. Le récit de Lupano ouvre la porte de la contestation face au despotisme du gros roi. Le peuple s’interroge, tance les soldats lancés à la poursuite des enfants empreints de liberté et de justice. Une jolie leçon, à la fois fantastique et poétique, Lupano joue des mots, des idées quand Smudja les fait vivre sur ses pages dans un album en grand format que l’on se voit bien ouvrir pour en raconter toutes les péripéties à ses petits-enfants avant de jouer avec eux au Cheval de Bois, cheval de vent. Un vrai livre jeunesse mais pas seulement.

Cheval de bois, cheval de vent, Delcourt, 14,50 €

Cheval de bois, cheval de vent

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