L’Homme gribouillé, Peeters et Lehman bluffants

Un mélange de fiction, de fantastique qui prend le pas, un récit parfois complexe, une malédiction, de l’horreur aussi assez gore autant dire que l’on ne s’attend absolument pas à ce que l’on va vivre sur les traces de L’Homme gribouillé. Serge Lehman (Metropolis, L’Œil de la nuit) et Frederik Peeters (L’Odeur des garçons) brouillent les pistes, accumulent les détails, voire les indices. Le dessin de cet gros roman graphique est appliqué, pointu, mais sait dépasser le simple cadre de l’action pure. Il faut aussi avoir quelques bases sur les croyances religieuses dont celle du golem qui aime que l’on lui raconte de belles histoires. Un ouvrage atypique, bluffant par lequel il faut savoir sans à-priori se laisser envoûter.

L'Homme gribouillé Dans un Paris qui est submergé par la pluie, lignes de métro inondées, elle écrit des contes pour enfants, des best-sellers, Maud, et sa fille, Betty Couvreur, perd sa voix souvent. Sa propre fille, Clara, est un brin casse-pied mais a bon fond. Quand Maud fait un AVC, un curieux personnage, Max, au look de corbeau géant, au long bec et menaçant fouille la maison et agresse Clara. Il veut un paquet et accuse la famille Couvreur. Les trois femmes doivent lui rendre des comptes. Dans le coffre Betty découvre des dessins de Clara, un homme monstrueux et gribouillé. Clara sait mieux que personne raconter des histoires. Betty découvre que sa mère a des secrets et qu’il existe des traversants, personnages sur lesquels seul le mystérieux Pierre Inféri a des détails. Betty remonte la piste de Max qui va l’amener à la période de la guerre et de la résistance. Mais trop de choses ne collent pas. Un chercheur israélien et deux rabbins vont lui apporter une part de la vérité mais vont le payer cher.

Ce qui au départ aurait pu être un thriller, un polar, bifurque carrément sur du fantastique pur et dur mais habilement amené. Sorcières, monstre enterré, exterminateur, chant magique, Serge Lehman se laisse aller avec curiosité et talent dans un registre pas évident du tout à contrôler. Il faut suivre de près la progression narrative de cet Homme gribouillé dans la lignée de Shelley ou Wells, des Sorcières d’Eastwick. Le secret est à portée de main mais il faut attendre pour que le puzzle se mette en place et aboutisse à une conclusion peut-être provisoire. On y croit à cette quête infernale dans un imaginaire éblouissant car les personnages ont du charme que met parfaitement en valeur le dessin de Peeters.

L’Homme gribouillé, Delcourt, 30 €

L'Homme gribouillé

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