On s’était bien habitué à ce rendez-vous régulier dont le premier en 2011 avait marqué les esprits. Publier en français La Grande Guerre de Charlie est l’une des aventures éditoriales majeures de ces dernières années. Grâce aux éditions Delirium, les dix tomes de cette fresque grandiose qui raconte comment un brave type, soldat anglais, tente de se sortir de la boucherie de la Grande Guerre resteront un grand moment de vérité pour le devoir de mémoire en ce centenaire de la commémoration de 14-18. Dans le tome 10, La Der des ders, Charlie n’en a pas fini avec les combats, ni avec son ennemi mortel le capitaine Snell. Et en prime on va l’envoyer en Russie se battre contre les Bolcheviques. Le scénario de Pat Mills dépasse la joie d’avoir gagné un conflit aussi meurtrier et annonce implicitement qu’il y en aura d’autres. Le dessin de Joe Colquhoun a encore plus de maturité, de précision et de poids dramatique. On va regretter que Charlie soit démobilisé.
En 1918, Charlie est nommé caporal et Snell libéré de l’asile l’a retrouvé au front. Il ne jure que par la mort de Charlie. Les Allemands continuent à se battre malgré l’entrée en masse dans la guerre des troupes américaines. Charlie est fait prisonnier et se retrouve dans un camp de travail où un sergent allemand torture les soldats anglais. Charlie tente de s’évader plusieurs fois. Il réussit enfin et se retrouve au front au moment où l’armistice est signée. Peu de temps après désigné par Snell il est envoyé avec ses copains en Russie où l’Angleterre se bat aux côtés des troupes du Tsar assassiné par les Bolcheviques.
Pat Mills suit chronologiquement le conflit. De la grippe espagnole qui va tuer plus de gens que la guerre à la lutte entre Blancs et Rouges en Russie où les Alliés envoient des Corps Expéditionnaires, Charlie a droit à la totale. L’épisode russe est d’autant plus dur que ces hommes auraient pu espérer retrouver la vie civile. Charlie y arrivera mais pour être chômeur dans une Angleterre qui va vite oublier ses vétérans. On sent beaucoup d’amertume dans le rendu de Pat Mills et Joe Colquhoun. Il n’y a pas eu de suite bien que Mills ait eu l’idée d’embarquer le fils de Charlie pendant la seconde guerre mondiale. On en reste donc à ces dix tomes que l’on peut lire et relire, chronique parfaitement documentée mais surtout si humaine.
La Grande Guerre de Charlie, Tome 10, La Der des Ders, Delirium, 22 €
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