Olympia est un charmant modèle nu. On peut la voir au Musée d’Orsay qui inaugure avec elle une collection dont l’art est le thème comme celle consacrée au Musée du Louvre. Olympia veut la gloire et le succès sur la ou les toiles s’entend. Catherine Meurisse a fait de Moderne Olympia (Futuropolis) l’héroïne d’un petit joyau bouillonnant d’idées, de clins d’œil et d’humour.
Les fesses à l’air, un ruban autour du cou pour seul vêtement, Olympia en a marre d’être la reine des figurantes. Le petit joueur de fifre d’Édouard Manet est son copain, son Jiminy criquet, son souffre-douleur. Olympia en fait des tonnes et les metteurs en scène des grands tableaux en ont ras le mégaphone. Elle s’accroche Olympia. Elle trompe sa solitude avec les danseuses du Moulin Rouge et se fait servir un kir pêche par un certain Lautrec. Une seule solution pour un premier rôle, Olympia doit coucher. Olympia a posé pour Les Origines du monde ce qui s’imposait pour un modèle sans culotte. Elle va doubler Vénus, une grande star capricieuse, et flanquer la pagaille sur le tournage. Les petites danseuses de Degas lui dévoilent leurs secrets et, enfin, Olympia trouve un mec, Romain qui fait partie du clan adverse. La suite est à découvrir avec délectation. Elle va partir en vrille Olympia sur un air de West Side Story.
On a droit à une explosion de bonne humeur, de références artistiques ou cinématographiques qu’il faut chercher pour le plaisir, à un très joli dessin et des textes aux petits oignons de Catherine Meurisse dont la joie à faire cet album est communicatrice à ses lecteurs. Cette Moderne Olympia n’a pas de culotte mais est par contre très culottée.
Moderne Olympia, Futuropolis Musée d’Orsay, 17 €
Ligneclaire.info a retrouvé dans ses archives une interview de Catherine Meurisse pour la sortie de Drôles de femmes qu’elle avait signé avec Julie Birmant :
Dix femmes, actrices, dessinatrices, romancières. Julie Birmant et Catherine Meurisse ont souhaité rendre hommage à des pionnières qui ont ouvert des voies. Et d’expliquer lors du festival d’Angoulême : « On a voulu connaître leur secret. Comment une Maria Pacome avait fait le choix scandaleux pour une femme à l’époque de faire rire ». Alors Julie et Catherine sont allées les voir. Claire Brétecher est « une femme très belle au charme fou, brillante ». Sur Amélie Nothomb « il y a trop de préjugés ». Aucune ne se prend au sérieux affirment la scénariste et la dessinatrice de ces portraits en quelques planches qui sont brillants, simples et construits. On est charmé par Sylvie Joly « dont la vie a basculé en un instant », souligne Julie Birmant ou celui de Tsilla Chelton « la mémoire de l’histoire du théâtre, un personnage qui m’a vraiment touché », renchérit Catherine Meurisse.
Il fallait recueillir ces paroles de femmes, elles en sont certaines et on ne peut que les en remercier. On redécouvre avec elles Anémone « qui n’a jamais accepté que l’on fasse du fric sur son dos et finalement a eu une carrière complètement atypique ».
Pour choisir celles dont elles allaient faire le portrait, Julie et Catherine devaient être d’accord. D’où l’authenticité qui se dégage de Michèle Bernier, Yolande Moreau et Florence Cestac. L’exercice n’était pas sans risque mais finalement totalement réussi. L’écriture est à la fois journalistique et romanesque. Pas question de faire une suite mais une autre collaboration peut-être.
Drôles de femmes, Dargaud, 19,50 €
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