Grand Prix d’Angoulême 2024, Catherine Meurisse for ever avec Simmonds et Clowes

Festival BD d'Angoulême 2024 Un petit côté de déjà vue cette année encore. Depuis 2014, le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême est attribué par un vote des autrices et des auteurs professionnels de bande dessinée. Le premier tour pour la désignation du Grand Prix 2024 s’est achevé le mardi 9 janvier. Les trois artistes arrivés en tête des suffrages exprimés sont Daniel Clowes, Catherine Meurisse, Posy Simmonds. On note donc que la très talentueuse Catherine Meurisse, devancée une fois de plus l’an dernier cette fois par Sattouf, est dans le trio de tête depuis 2020 plus 2021, 22 et bien sûr 23. A regretter l’époque où c’était les Grands Prix qui seuls votaient car sincèrement Catherine Meurisse mérite largement ce Grand Prix. D’accord il y a la brillante Posy Simmonds (très belle expo à Paris) mais bon, et Daniel Clowes contre lequel on n’a rien (nominé en 2017 à Angoulême pour Patience, auteur de Monica), talentueux mais dont l’œuvre n’est pas grand public, marginale. Et c’est là que le bât blesse. On verra si le jury des « pros » rend justice enfin à Meurisse.

Le deuxième tour (du vendredi 12 au mercredi 17 janvier), invite ce même collège d’autrices et auteurs à élire le ou la lauréat·e parmi ces trois nommé·e·s. À l’issue de l’ensemble de ce processus électoral – entièrement réalisé sous contrôle d’huissier – le nom du Grand Prix 2024 sera annoncé le mercredi 24 janvier prochain, lors de l’Ouverture Officielle du Festival. (biographies fournies par le Festival).

Catherine Meurisse

Catherine Meurisse
Catherine Meurisse. Rita Scaglia / Dargaud ©

Catherine Meurisse est née en 1980. Après un cursus de lettres modernes, elle fait ses études à l’école Estienne puis à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs à Paris. Dessinatrice, autrice, caricaturiste, reporter et illustratrice d’albums pour la jeunesse, Catherine Meurisse est une artiste prolixe. Aiguisant son regard et son trait pendant quinze ans dans de nombreux titres de presse (Le Monde, Libération, Les Échos, L’Obs…) et plus particulièrement à Charlie Hebdo, elle réalise des bandes dessinées où l’esprit de sérieux n’a pas sa place. Après Mes Hommes de lettres, Le Pont des arts (Sarbacane), Moderne Olympia (Futuropolis) et Drôles de femmes (Dargaud, avec Julie Birmant), elle publie en 2016 La Légèreté, récit bouleversant de son retour à la vie, au dessin et à la mémoire, après l’attentat contre Charlie Hebdo auquel elle a échappé. Après l’effronté Scènes de la vie hormonale paraît Les Grands Espaces (Dargaud), évocation de son enfance à la campagne, où se mêlent souvenirs savoureux et conscience esthétique et politique du paysage rural. En 2019, elle publie Delacroix, adaptation graphique toute personnelle des mémoires d’Alexandre Dumas, grand ami du peintre Eugène Delacroix. La Jeune Femme et la Mer (Dargaud, 2021) interroge la place de l’Homme dans la nature et le recours à l’art pour saisir les paysages qui disparaissent. En 2020, année où une grande rétrospective lui est consacrée à la BPI du Centre Pompidou, Catherine Meurisse devient la première autrice de bande dessinée membre de l’Académie des beaux-arts. Depuis septembre 2017, Philosophie Magazine publie chaque mois deux pages de Catherine Meurisse. En 2022, elle rassemble ce travail en un album, Humaine trop humaine publié par Dargaud. Cent pages de dialogues, de citations et de mises en scène burlesques qui explorent et introduisent de façon insolite la pensée philosophique universelle.

Daniel Clowes

Daniel Clowes
Daniel Clowes. Brian Molyneaux ©

Auteur complet, Daniel Clowes est l’une des voix les plus éminentes de la bande dessinée nord-américaine et figure de proue du comics indépendant. Il intègre l’institut Pratt de New York pour y étudier le dessin, mais fuit rapidement l’école d’art pour embrasser une carrière autodidacte, qui convient bien mieux à ses aspirations artistiques. Influencé par la mouvance lowbrow, il fait ses véritables débuts dans la revue Love and Rockets et publie en 1986 sa première œuvre Lloyd Llewellyn, chez Fantagraphics. Commence une carrière prolifique jalonnée de titres désormais emblématiques, comprenant Comme un gant de velours pris dans la fonte (1993), Ghost World (1997), Twentieth Century Eightball (2002) et Patience (2016). Auréolées de 9 Harvey Awards, 5 Eisner Awards et 5 Ignatz Awards, ses satires sociales à l’ambiance fifties inspirent également le cinéma. Ghost World et Art School Confidential se voient notamment adaptées en film, avec la participation active de Daniel Clowes en tant que scénariste.

Posy Simmonds

Posy Simmonds
Posy Simmonds. Hervé Véronèse ©

Née en 1945 dans le Berkshire, diplômée de la Central School of Art & Design de Londres après un an d’études à la Sorbonne, Posy Simmonds rejoint le Guardian comme illustratrice en 1972. Elle y fait la première partie de sa carrière, développant son art graphique et narratif. En 1999, Gemma Bovery, son premier magnum opus, lui vaut la notoriété internationale.
Membre de l’ordre de l’Empire britannique, couronnée en 2022 par le Grand Prix Rodolphe-Töpffer, la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou lui consacre, après celles de Claire Bretécher, Catherine Meurisse, André Franquin, Riad Sattouf, Chris Ware, une grande rétrospective intitulée « Dessiner la littérature » jusqu’au 1er avril 2024. Elle vit et travaille à Londres.

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