Albums

Philocomix T3, travailler quel bonheur !

On avait déjà dit que la sortie du tome 2 de Philocomix en plein déconfinement avait été un petit bonheur. Une bouffée d’oxygène, de raison garder, salutaire à respirer bien fort pour nous tous, traumatisés viraux. Sauf que pour le tome 3 on va faire dans le traumatisant depuis que Adam et Eve se sont faits virer du paradis et obligés par Dieu, pas sympa, d’aller travailler pour vivre. Métro, boulot, cogito ce qui dans le contexte actuel peu réjouissant, inflation, prix de l’énergie, guerre en Ukraine, les virus, les extrêmes et les allumés des réseaux asociaux, ne porte pas vraiment à sourire. Donc Jérôme Vermer et Jean-Philippe Thivet au scénario, M. La Mine au dessin qu’on aime bien, n’ont pas fait dans le réjouissant. Encore que si on lit entre les lignes il y aurait de quoi aménager le supplice. On n’est pas français pour rien. Une façon de commencer l’année qui au moins abat ses cartes franchement.

Tout bon ancien élève de philo vous le dira. Dans la liste des dix philosophes qui vont raconter leur vie et parler boulot dans cet édifiant ouvrage, ce ne sont pas les plus marrants. Socrate déjà lui se demande pourquoi nous somme condamnés au travail. Beau début. Les dieux nous détestent et agacés par les humains vont les obliger à travailler. On rejoint là la pensée judéo-chrétienne. Pétrarque est plus détendu. L’oisiveté n’est pas la mère de tous les vices. Simplicité, efficacité et on médite histoire de se rapprocher de Dieu. Encore lui. Passons à Descartes. Travail, progrès, bonheur ? Le socle de la connaissance, il faut trier. Mais l’avenir nous ravira. On fera un parenthèse avec John Locke qui lui est pour la propriété du fruit de notre travail. Un révolutionnaire déjà. Adam Smith, il partage le boulot. Et puis l’apothéose c’est Marx évidemment, aliénation par le travail, on se révolte, non du grand Capital.

La panorama est vaste bien que réduit avec justesse à sa réelle taille. Le travail scande notre vie entière. Mais bonheur et boulot, communauté laborieuse, fraternité et partage ? Les approches que nous proposent les auteurs sont précises, exemplaires au sens strict du terme. Travail et aliénation, il y a débat depuis des siècles. Aujourd’hui le travail n’est plus une fin en soit. Alors que faire ? Un Philocomix qui apporte au moins des pistes de réflexion intelligentes.

Philocomix, Tome 3, Métro, boulot, cogito, Rue de Sèvres, 20 €

Partager

Articles récents

Bon voyage ? Un Latécoère avec Manini et Chevereau aux commandes

Toujours un plaisir de retrouver Michel Chevereau au dessin et Jack Manini au scénario pour…

3 mai 2024

Marcel Pagnol, avec César on boucle la trilogie marseillaise

On peut remercier Grand Angle d'avoir su avec talent porter en BD l’œuvre enchantée de…

2 mai 2024

Nuages, aller au bout de ses rêves

Il voulait faire comme l'oiseau, disait Fugain, voler mais de quelle façon ? Depuis l'enfance,…

2 mai 2024

29e Festival BD de Sérignan, un plateau d’auteurs toujours à la hauteur et la présidence de Sandoval

Pour cette 29e édition du Festival organisée par la Ville de Sérignan dans l'Hérault et…

1 mai 2024

Gen War, vieux contre jeunes la guerre est déclarée par Mo/CDM

Les jeunes, les vieux, la guerre est ouverte avec deux albums de l'inénarrable Mo/CDM qui…

1 mai 2024

Spirou au Louvre, c’est pour le 1er mai 2024

Un numéro spécial de Spirou qui va faire date, c'est celui du 1er mai. Il…

30 avril 2024