Il y a peu de femmes dans les sagas japonaises et encore moins de femmes samouraï. En reprenant la légende de Tomoë, princesse de l’eau et reine du sabre, Jack Manini embarque ses lecteurs dans un monde où réalité et fantastique se côtoient, où toute une culture finalement assez méconnue et très subtile se dévoile au moins en partie. Tomoë est dessinée par Tieko qui a signé la série Hindenburg. Beaucoup de passion et de fougue dans le trait et des décors qui dépaysent, étonnent et envoûtent.
Complots de cour, élimination violente des prétendants, duplicité des favorites et naïveté de l’héroïne qui pourtant découpe ses adversaires en tranches, cette épopée qui ne néglige pas les sentiments a à la fois du panache et un parfum poétique tout à fait dans la tradition japonaise. Il y aussi un côté shakespearien dans ce récit, confrontation du père et du fils, amour impossible, la mort omniprésente, politique sinueuse, symboles enchantés. On lira avec intérêt à la fin de l’album le dossier de huit pages sur cette authentique épisode où apparait Tomoë. Tout ceci peut paraître un peu complexe mais pirates, samouraïs, shogun forment un théâtre qui ne peut que séduire les amateurs d’action jamais gratuite et dont le seul but est pouvoir et gloire. Jack Manini a assuré une belle mise en scène appuyée par TieKo. Deux albums au total sont prévus.
Excellente BD avec en prime une explication des données historiques/mythologiques qui supportent l’histoire. Dessin très bien maîtrisé. Scénario bien fisselé (avec une bonne connaissance historique). Et le très bon travail de Dominique Osuch comme scénariste est aussi à souligner. Un coup de Coeur pour moi qui suis fan des BD sur le theme JP !