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Arthur Cravan, 2,05 m et plus grand poète du monde

Si on demande autour de soi qui est, ou a été, Arthur Cravan, il est à parier que les réponses seront évasives pour ne pas dire absentes. Et puis d’abord Arthur Cravan a-t-il vraiment existé ? Comme c’est Jack Manini qui raconte sa vie dans ce très épais album qui vient de sortir, une bible charnue et bourrée d’action, on peut lui faire confiance. Car oui, le fantasque et fantastique, artistique Arthur Cravan, champion de boxe de plus de 2 m de haut, neveu d’Oscar Wilde, poète avant-gardiste a bien vécu jusqu’en 1918, noyé dans un naufrage car il fuyait la conscription à la fin de la première guerre mondiale. Une vie étonnante, brillante aussi, une somme d’aventures et de rencontres que Manini révèle et met en scène d’un trait joyeux, pétillant au service d’un personnage hors normes qu’il a bien fait de ressusciter.

1910, il danse à Paris Arthur, ami du peintre Delaunay et peu regardant sur là où il pose ses fesses. Il n’a pas un rond et dort dans le lit de la prostituée qui a cru que c’était elle qui l’intéressait. Avec ses 2m et son gabarit de poids lourd il ne faut pas le chercher Arthur. Issu d’un milieu favorisé, anglais avec une mère pas sympa et un frère maigrichon Otto, il a vécu en Suisse enfant. Retour à Paris, la fête chez Van Dongen dont les planches donnent envie selon lui d’être dévorées comme des petits fours. Match de boxe pour le champion qui vend un faux Picasso sans remords. Il tombe amoureux de Renée que sa mère refuse de voir. Il fait le tour des académiciens et lance sa revue artistique. Neveu de Wilde, les portes s’ouvrent. Maintenant, son journal, démarre. Otto son frère ne l’aime pas. Il monte une pièce, c’est un four et assomme la femme de Delaunay. Apollinaire le défie en duel. Il est incontournable grâce à Maintenant. La guerre de 14 éclate et il n’a aucune envie d’aller se faire tuer. Il part en Grèce faire un match de boxe.

Il va parcourir l’Europe Arthur Cravan, fonde le dadaïsme, devient prof de boxe à Barcelone. L’Amérique ensuite toujours sous le signe de l’art. Il défraya la chronique ce personnage à nul autre pareil, avec une bonhomie qui fait qu’on l’aime ce géant aux poings d’acier qui écrit des poèmes. On retiendra le poète. Manini a scandé son ouvrage par des textes de Cravan qui annonce les chapitres ainsi que des unes intermédiaires à chaque partie splendides, dessin pleine page, style affiche. On se balade avec Cravan, charmeur, iconoclaste et visionnaire que Manini fait revivre. Émouvant aussi Cravan dont la disparition en mer sera à l’image de sa vie tourmentée. Jack Manini a allié son sens certain de l’écriture à son dessin toujours autant séduisant.

Arthur Cravan, Grand Angle, 21,90 €

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