On parlera avec cette édition, Les Voleurs de lune, de testament graphique au sens le plus strict du terme. Les Aventures de Victor Billetdoux sont signées par l’un des plus talentueux auteurs du 9e Art disparu en 2013. Talent certes mais aussi une grande discrétion, Pierre Wininger revient sur le devant de la scène grâce au remarquable travail éditorial des Aventuriers de l’Étrange. On le redécouvre, on s’enthousiasme, on en apprend beaucoup sur sa vie et avec ce tome 4, on va au plus près de cet auteur dont Jean-Claude Forest sera l’initiateur et le modèle en BD.
Une œuvre inachevée après La Nuit de l’Horus rouge, il fallait qu’il y ait une suite mais là aussi la fin ne viendra pas. La vie de Pierre Wininger tourne dès sa jeunesse autour du dessin, de la BD, de Pilote à la fin des années soixante. Une histoire pour Charlie Mensuel, avec Le Jour de l’ouverture, surréaliste en diable il plantera les premiers jalons du futur Victor Billetdoux. La Pyramide oubliée voit le jour, Forest est très présent dans le trait de Wininger qui s’en détache de plus en plus. Des entretiens dont celui avec Jean Léturgie, Circus ensuite avec Glénat, Wininger s’explique, dit sa passion de l’image sous toutes ses formes. Années 80, un autre entretien pour comprendre la période faste, Les Ombres de nulle part. Billetdoux reprend du service. Mais pour un temps.
Les Voleurs de lune aurait dû être la fin des aventures de Billetdoux. On découvre le tapuscrit du scénario, le découpage, des croquis de ce tome inachevé en 1987. Le dessin a évolué, plus précis, réaliste comme planches et storyboard le montrent. Un style tout à lui avec Astrol, Constance Chlore. Mais Pierre Wininger semble ne pas y croire à cette résurrection. Il va aller vers de nouveaux horizons, l’illustration de classiques, laissant Billetdoux en plan. Et accessoirement ses lecteurs. Pour qui a aimé Wininger, ses héros, ses histoires, ce tome 4 est indispensable. Pour ceux qui voudraient le découvrir il est parfait, concis, éclairé.
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