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Les Grands espaces, allez hop tout le monde à la campagne

Comme quoi même la verdure, les jardins, la fermette au clair de lune, les près fleuris, ça laisse des traces. Catherine Meurisse a été élevée à la campagne par des parents qui, ont les comprend, avaient envie de retrouver sensations vraies, plaisirs du jardinage, des plantations à connotations littéraires et une belle maison pour faire grandir leur progéniture. Catherine Meurisse rêve d’un crayon magique pour ouvrir une porte dans son appartement très urbain et s’échapper là où, enfant, elle a été heureuse. Une chronique parfois douce-amère, lucide, tendre qui fleure bon la bouse de vache sans pesticides et dans laquelle avec pudeur Catherine Meurisse livre avec recul ses souvenirs d’enfance.

Des vaches, des tournesols, on déménage en famille dans un trou paumé. Nouveaux copains à l’école, amis animaux et une bâtisse plus ou moins en ruine comme nid douillet. Va y avoir de quoi faire pour les parents. Pour les enfants, curieux, on découvre, on visite, on recueille des fossiles et on fait un musée privé à 50 centimes l’entrée. On trouve un trésor, le buste antique un peu cassée d’une dame. Et même des tombes gallo-romaines que l’entrepreneur du coin, horreur, recouvre de goudron. La fosse commune familiale reçoit coq, poules, hérissons, merles, tout ce que le chat rapporte triomphant. On tue le cochon, et oui, on fait du boudin et la maman chèvre mange non pas son chevreau mais le placenta. Quant au sang de l’abattoir il finit sur le maïs. On leur avait peut-être pas tout dit aux parents qui rentre en résistance pendant que leurs enfants découvrent qu’à la campagne c’est plus ce que ça a été.

Une école de la vie Catherine à la ferme. Le nain de jardin, quel bonheur. Une poésie à lui tout seul. Catherine Meurisse détaille, explique les boutures, les plantes qui déjà avaient séduit Montaigne ou le figuier de Rabelais. Jardin à la française ou à l’anglaise, vaste débat. Le four banal, c’est où ? On verra que Ségolène a failli briser une vocation dans l’œuf. Quant à René Monory il l’a marquée à vie. On en découvre à toutes les pages, de l’orchidée érotique ou les noix brisées. C’est une ballade en fait pas si innocente car Catherine raconte tout en appuyant là où ça fait mal dans le monde qui l’entoure, celui aussi des paysans où tout n’est pas si rigolo. Liberté d’abord, humour toujours.

Les Grands Espaces, Dargaud, 19,99 €

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