Journal d’une Femen, comprendre leur combat

Une fiction qui pourtant n’est composée que de faits réels, le journal d’une Femen sort très largement du lot habituel des parutions opportunistes. Qui sait vraiment ce qu’est ce mouvement hormis, image médiatique, que ses membres manifestent les seins nus ? C’est le parcours d’Appoline que l’on suit à travers le travail rigoureux, intelligent et vrai de Séverine Lefebvre au dessin et de Michel Dufranne au scénario. Pas de faux-semblants, ni de non-dits, de l’information qui remet les pendules à l’heure.

Journal d'une FemenApolline a un job dans la pub. Elle est jolie et on mélange souvent sa beauté à son boulot, à ses objectifs dans un milieu macho à souhait. En famille pas la joie. Elle a une sœur modèle, mère au foyer, certes trompée mais qui fait ce qu’elle peut. Idem pour ses parents. Régulièrement agressée dans le métro ou dans la vie, Apolline découvre sur le net le mouvement des Femen. Elle se rend à une première réunion et comprend que c’est une lutte engagée contre le patriarcat et ses « trois piliers, la dictature, la religion et l’industrie du sexe ». Le tout désormais à Paris où le mouvement a installé son centre opérationnel international. Entraînement physique et psychologique, Apolline persiste et signe. Sa vie va en être changée dès qu’elle participe à des opérations ou qu’elle figure sur une campagne de promotion photos. Virée, repoussée par sa famille et son copain, Apolline fera face.

Ce qui est passionnant avec ce journal d’Apolline c’est la compréhension des idées fondamentales que Femen défend. Pas de voyeurisme, simplement un choix de société courageux que l’on peut accepter ou pas, comprendre sûrement. On se sent moins idiot à la fin de Femen et on regardera d’un autre œil les interventions de ces femmes volontaires qui se sont reconnues dans l’excellent travail des auteurs.

Journal d’une Femen, Le Lombard, 16,45 €

Journal d'une Femen

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2 commentaires

  1. L’industrie du sexe et la traite des femmes d’Europe de l’Est paraissent davantage liés à l’économie capitaliste ou au progrès technique qu’à des notions aussi vagues que le patriarcat, la dictature ou la religion. Les Etats-Unis sont en même temps le premier pays importateur d’esclaves sexuels et le pays le plus féministe au monde.

  2. « Ce qui est passionnant avec ce journal d’Apolline c’est la compréhension des idées fondamentales que Femen défend ».

    Le problème majeur des Femen, c’est que leurs « idées fondamentales » peuvent malheureusement se résumer aux slogans simplistes qu’elles arborent sur leurs corps lors de leurs manifs seins nus. Elles ont beau affirmer qu’elles ne se résument pas à leurs actions choc, dès que l’on creuse un peu leurs idées (ou leur manque d’idées), on ne trouve que du marketing politique creux et confus.

    Cela rappelle un peu les groupuscules marxistes des années 70 et 80, où seule comptait l’action et où l’activisme se résumait à « être actif », en collant quelques vagues slogans politiques par-dessus. Pas étonnant que les Femen se soient aliénés une écrasante majorité des mouvements féministes français. Même une féministe et militante anti-cléricale acharnée comme Caroline Fourest a fini par retirer son soutien au mouvement, en estimant que l’attitude manichéenne des Femen face à la religion est stupide.

    « On se sent moins idiot à la fin de Femen et on regardera d’un autre oeil les interventions de ces femmes volontaires ».

    S’il faut attendre une BD pour comprendre les idées des Femen, deux ans après leur implantation en France et au moment où le mouvement est moribond, c’est qu’il y a un problème. Soit les Femen ont échoué à communiquer leurs idées (ce qui serait surprenant pour ces expertes en communication médiatique), soit il y a justement un cruel manque d’idées.