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Foucauld, une tentation dans le désert, et un difficile voyage intérieur

Un sujet qui a souvent tenté les auteurs de BD. Le destin atypique de Charles de Foucauld, homme destiné à faire la guerre, devenu prêtre puis ermite dans le désert saharien, a inspiré en premier lieu Jijé, et d’autres. On sait quelle sera sa fin tragique et solitaire en pleine rebellion Touareg en 1916 à Tamanrasset. Jean Dufaux ne pouvait que s’intéresser à cet homme mystique, modèle chrétien pour plusieurs générations, dans le contexte aussi de la colonisation algérienne. L’homme et pas le saint, Dufaux met en exergue le combat intérieur d’un Foucauld qui lutte contre ses propres démons et va se perdre loin d’une civilisation qu’il abhorre. Martin Jamar a suivi Dufaux dans ce voyage intérieur très subtil après Double Masque ou Les Voleurs d’Empire. Sans oublier leur album sur un autre saint, Vincent.

Charles Eugène de Foucauld aime la vie, fait la fête, lui le futur Saint-cyrien puis officier de cavalerie en cette fin du XIXe siècle. Il ira au Maroc, quittera l’armée et rentrera dans les ordres en 1890. Bien plus tard, en plein Sahara, mordu par une vipère à corne, il est sauvé par un chef Touareg, Kaocen, bien que la France lutte contre eux. Foucauld vit dans un poste lointain, marabout dans la pauvreté. Un autre chef Ghebelli veut le tuer. Mais une fois encore la bonté et la générosité du prêtre lui sauvent la vie. La guerre s’intensifie. Et la tête de Kaocen est mise à prix. On aimerait bien que Foucauld donne à l’armée un petit coup de pouce. Il refuse mais part à la fête de la Damassine où seront les chefs de tribu accompagné par un officier méhariste.

Charles de Foucauld avait-il vocation de martyr ? Possible car il refusera de quitter Tamanrasset alors qu’il sait qu’il est une cible à abattre. Ou voulait-il par sa foi et son sacrifice convertir d’avantage ? Ou les deux à la fois. On rencontre aussi le personnage de la journaliste Elisabeth Archer qui va l’interviewer. Foucauld n’a qu’un ennemi, la tentation, dont il dit qu’elle s’est réfugiée en lui. Trahi Foucauld, et une mort annoncée, inéluctable car trop gênant un homme infidèle qui parle de paix dans un monde en guerre. Un récit qui montre quel sens Foucauld avait fini par donner à sa vie, le sacrifice dans la tradition du Christ. Un album fort bien soutenu par le dessin et les couleurs de Jamar.

Foucauld, Une tentation dans le désert, Dargaud, 14,99 €

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