Golden West, Rossi au plus haut pour un western sans égal et l’intégrale de Jim Cutlass

Il y a des moments où on se dit que la vie de la BD est mal faite. Christian Rossi est l’un des plus talentueux auteurs que nous ayons sans pour autant avoir eu le ou les titres qui auraient fait exploser son palmarès. Et voilà qu’il publie Golden West et qu’en même temps sort l’intégrale de Jim Cutlass qu’il avait réalisé sous la houlette de celui qu’il considère comme son maître, Jean Girault. Un hasard sans en être vraiment un mais qui permet une fois encore de constater le talent prodigieux de Rossi. Avec Golden West il est au sommet de son art, époustouflant de talent, de beauté du dessin, de fluidité de narration. Il signe avec ce western où Cochise, Geronimo seront les traits d’union au destin du jeune guerrier. C’est son grand oeuvre, sûrement son album le plus accompli même si à titre personnel on a un faible certain pour Odawaa dont il n’a pas par contre écrit le scénario. Reste que Rossi de Tiresias au Cœur des Amazones, W.E.S.T., on en passe, est un grand monsieur de la BD auquel on souhaite que Golden West au dessin si pur soit reconnu par un très large public.

Golden West

Voix off, Mexicains et Apaches, la guerre est totale après un passé tourmenté. Geronimo fait le ménage avec Woan à qui il a confié l’origine de son nom. Un village Arispe où des soldats mexicains cantonnent après avoir massacré des familles indiennes et Geronimo déguisé en moine, avec ses guerriers va leur tendre un piège, enlève la jeune Inès et tue la population. Geronimo a volé le nom du saint protecteur de la bourgade. Woan et Inès grandissent ensemble. Il part à la chasse avec son ami Chatto mais un grizzli va provoquer un drame par la faute de Woan. Il est chassé de la tribu. Le jeune apache décide de lutter contre la peur. Il va rencontrer plus tard Inès qui lui offre un chien, « Machoires ». La jeune femme ne veut pas retourner chez les siens. Commence alors pour le duo Woan et Machoires une vie d’aventures, de découvertes comme les flèches mortelles, ou la rencontre avec Lozen indomptable tueuse de chasseurs de scalps mexicains, la sœur de Vittorio chef guerrier. Woan le mauvais œil, le maudit, le solitaire va apprendre avec elle à se servir d’un fusil.

Golden West

Des paysages de Monument Valley à couper le souffler, du John Ford dans la planche sous l’œil de la caméra agile qui serait le crayon de Rossi, des personnages aux traits pleins de vie, l’épopée de Woan se déroule sur près de 180 pages. Un western sans frontières qui croisent des pistes classiques, montre une civilisation qui s’éteint au profit de celle des Blancs, pionniers sans scrupules. On est proche du XXe siècle et la destruction systématique des tribus indiennes est en marche. La lutte sera longue, meurtrière, famines, réserves, maladies malgré quelques rares hommes blancs amicaux. Rossi et le western ne font qu’un depuis toujours. Ses couleurs sont aussi une part primordiale de la qualité, de l’inventivité de son travail, de son art si maîtrisé. Il y a au final un très bon et émouvant clin d’œil. C’est la nation indienne à laquelle Rossi rend hommage avec un discours aussi ethnologique passionnant. Les Tuniques Bleues sont aussi de cette chevauchée fantastique inégalable.

Golden West, Casterman, 34,90 €

L’intégrale de Jim Cutlass, de Giraud à Rossi

Intégrale

Une excellente idée cette intégrale qui rassemble les sept tomes de Jim Cutlass. Au scénario Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, au dessin le même Giraud et Rossi qui signera aussi les couleurs avec Isabelle Beaumery-Joannet. De Mississippi River à Nuit Noire on suit le destin de Jim Cutlass, ancien officier nordiste. Il a hérité d’une plantation de coton après la guerre de Sécession. On va donc avoir un Gone with the wind revu et corrigé par un Cutlass qui a est anti-esclavagiste. Il va avoir à affronter tous les démons des bayous de Louisiane dont le Klan bien sûr, rencontrera quelques jolies filles ou personnages atypiques sans oublier le Vaudou et des zombies. Il faut se souvenir que Charlier-Giraud pour Cutlass c’était aussi Blueberry. Le premier album est paru en 1979 et le dernier toujours avec Giraud mais Rossi au dessin ce sera de 1991 à 1999.

Jim Cutlass, Intégrale, Casterman, 59 €

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