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Détox Livre 2, Jim et le lâcher prise

Alors, où il en est le bon géant paumé dans la campagne à compter les escargots et boire du pipi de chat ? Dans le premier Détox, c’était le déni total pour un héros malmené par sa vie, le stress, un cas d’école presque, vrai, que Jim a mis en images. Matthias d’Ogremont a tout pour faire un futur cardiaque si ce n’est déjà le cas sans le savoir sauf que c’est sa secrétaire qui fait un AVC. Du coup, il revoie ses priorités et part en stage survie mais pas à la Rambo, non, à l’écolo cure raisin, fesses à l’air, tente sur le plateau venté et autres joyeusetés. Et donc dans le livre 2, il semblerait qu’il finisse par ce faire une raison le nounours sympa et rigolo. Encore que, parfois, on peut avoir des surprises. Avec Antonin Gallo, du très bon Jim comme d’habitude, pour une comédie de mœurs bien réelle mais aussi dramatique car Matthias a des souvenirs d’enfance un peu pourris.

Quand il était enfant, ce n’était pas le grand bonheur tous les jours pour Matthias. Et peu à peu la mémoire lui revient. Sous la tente, les pétards sont de sortie. On fait le bilan après une nuit mouvementée. Il veut être seul Matthias. Il a payé pour, s’enfile son jus de romarin et commence à se dire que la vie loin des emmerdes du quotidien a du bon. Tout en cultivant comme il dit son égoïsme, sa marque de fabrique. Mais ses vertèbres font la gueule. Bloqué le Matthias allongé sur l’herbe. Il hurle mais on ne l’entend pas. Sauf Adèle qui le retrouve après avoir rencontré un autre membre du stage, écrivain en phase terminale. Manque plus qu’un car de vieux nudistes écolos peace and love débarque et Matthias joue au rebelle.

Tout ça pour quoi ? C’est à découvrir au fil des pages, des évènements petits ou grands, des sentiments qui font du bien ou de la peine, une remise en cause d’un monde qui, quoiqu’il en soit, manque de place pour la rédemption. Jim sait manier l’humour, décalé, intuitif, la tendresse et l’amour tout court. Le discours de Détox aurait pu avoir un arrière-goût de déjà lu, banal. Ce qui n’est pas le cas. On est avec Matthias et sa brochette de congénères qui nous ressemblent tant. Prendre le temps, apprécier chaque miette de la vie, ce qu’on ne fait pas. Compliqué, très compliqué le lâcher prise. Jim a réussi son récit. Cela dit on flanquerait bien des baffes par moment au gourou même si son explication du syndrome du double est bienvenue. Une vraie émotion ce double Détox au dessin savoureux et élégant.

Détox, Tome 2, L’acceptation, Grand Angle, 16,90 €

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