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Les Lumières de l’Aérotrain, en voiture les niais

Du noir aux petits oignons, du faux sympa qui dérape en cadence et sans prévenir, de l’enfantin qui se transforme en grand-guignol, et ce sont des compliments. Aurélien Ducoudray a cousu au petit point un scénario infernal avec Les Lumières de l’Aérotrain. Des jeunes gens pas pires que d’autres, avec leurs rêves et leur envies mais au milieu il y a la méchante sorcière au visage d’ange comme l’a croquée au dessin Johann Corgié. Tout ce petit monde va vivre des moments au départ enjoués. Mais jalousie, amour, mensonge vont former un cocktail explosif. Un album qui détonne, c’est le cas de la dire, et étonne par son machiavélisme inattendu.

L’Aérotrain c’est ce qui aurait dû être le summum de la technologie sur rail en béton. Le TGV aurait pu aller se rhabiller. Sauf que ça a été un échec et qu’il en reste une voie d’essai sur le côté droit de la ligne Paris-Toulouse. Romuald, 12 ans, il en rêve de la machine. Il la connait par cœur comme tous les horaires des trains qui passent sous ses yeux. Son meilleur ami c’est Hervé 17 ans qui passe son temps à redoubler sa 3e. Pour lui faire plaisir Romuald ne lui a pas avoué qu’il passait en seconde. Et puis il y a leur copine caissière au supermarché, Mathilde, un peu forte, qui leur permet de passer des trucs en douce et les trimballe dans sa R5. Ils vont en boite et Mathilde a des faiblesses pour Hervé. Ils font quelques bêtises mais sans gravité. Quand Hervé se fait renverser en scooter par la voiture conduite par Lucie il ne sait pas que la jolie blonde aux yeux bleus dont le père conduirait des trains au Japon, c’est pire que le loup dans la bergerie. La Lucie, c’est un mélange de dynamite et de cyanure concentré.

Les personnages sont en place. Les gentils et la bizarre vont faire au moins au début bon ménage. Ensuite, c’est une autre paire de manche. Ducoudray a mis la dose et la montée en puissance se fait en douceur mais sans retour en arrière possible. On se doute bien qu’elle est trop jolie pour être honnête la Lucie. Certes, ils sont un brin niais dans le trio mais ils auraient mérité mieux. Enfin, c’est la vie. Aurélien Ducoudray et Johann Corgié ont fait dans le mensonge assassin sur fond de technologie abandonnée avec l’Aérotrain, projet authentique, supplanté par le TGV. Au total, un thriller à grande vitesse.

Les Lumières de l’Aérotrain, Grand Angle, 16,90 €

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