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Le Dernier Livre, combat vital

Et si il n’y avait plus de livres, plus d’écrits, si on n’étaient plus qu’à la merci de régimes fascistes entre les mains des géants de l’industrie numérique qui les détruisent, les effacent de la mémoire collective. Dans un avenir proche, 2040, ce pourrait bien être le cas. Dans le Dernier Livre, François Durpaire au scénario prend cette option pour finalement en écrire l’histoire. Le livre à travers les siècles, c’est aussi le premier livre, l’imprimerie et bien d’autres étapes qu’il passe en revue pour en arriver à une situation où on veut la mort et la disparition de tous ce que l’homme a pu écrire pour mieux l’asservir. Au dessin il y a Brice Bingono pour illustrer cette histoire mouvementée et belle page de l’humanité qui permet d’en apprendre (ou réapprendre) beaucoup sur le livre, ce merveilleux outil familier, amical, indispensable, vital.

La chasse au livre est ouverte. Tout ceux qui en ont encore sont arrêtés, les livres détruits. Il y a déjà huit ans qu’un président américain dans le cadre d’une pandémie mondiale, fondateur de Fatalbook, est à la Maison Blanche avec l’aide des géants du numérique. Pour éradiquer le virus qui dévaste le monde il met en place un ordre nouveau. Que des consommateurs avec un masque connecté en permanence donc plus de livres mis tous sous contrôle. On efface Nabokov, Huxley, Ionesco ou Steinbeck. Plus de lettres ou caractères, pictogrammes que des Émojis. Plus de culture, on ferme les écoles et des enfants disparaissent dont Héliade la fille de Daya et Jean. Un homme masqué au visage d’Hugo détient la clé du mystère et celle d’une résistance très active dans les catacombes.

On pourrait dire que finalement le côté thriller est un prétexte à cette leçon éclairée et claire, précise sur le livre, ses origines, son devenir. Le livre a toujours été l’ennemi des puissants ou des régimes dictatoriaux. Codex, tablette, rouleau de la Torah, parchemin, Gutenberg, François Durpaire les passe en revue. Et on le suit avec intérêt pour revenir à des fondamentaux qu’il serait dramatique et mortel de perdre. Le mélange des genres, fiction, SF, est bien argumenté, enveloppé jusqu’à des retournements dramatiques et une vérité pour une fin adroite, intelligente. A lire évidemment sur un beau papier bien imprimé.

Le Dernier Livre, Glénat, 16,50 €

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