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Bosch : le jugement dernier, des démons et des diables qui ont fait le Jardin des délices

Il est l’un des peintres les plus mystérieux qui ait jamais mis sur toiles ses propres visions fantasmagoriques du monde. Il est un maître incontesté et ses œuvres sont à voir au Prado, au Louvre ou au Musée des Offices. Hyeronymus Bosch, El Bosco, est le héros de ce nouvel album de la très riche collection Glénat, Les Grands peintres. Au XVe siècle, voir des renards partout et les peindre pouvait facilement passer pour de la sorcellerie. Griffo a très intelligemment disserté sur les démons de Bosch en démontrant qu’il lui avait fallu trouver un démonicide. Explications pour un peintre qui déjà sans le savoir faisait un peu de la BD.

Il en voyait déjà la nuit, enfant, des démons Hyeronimus. Ce qui dérangeait tout le monde. Faut dire que son imagination était galopante et qu’en prime il les dessinait avec talent. Son père, pas fou, va en décider d’en faire un peintre, lui-même doué pour le crayon. Les démons de Bosch, c’est bien ce qui préoccupe aussi de nos jours une chercheuse qui est persuadée que Bosch donnait un visage aux diables et tentait de dompter ses propres terrifiantes visions intérieures. Sauf qu’il a un problème El Bosco. Ces diables ne restent pas sur sa toile, ils s’en vont et gâchent son travail qui est de plus en plus reconnu. Mathilde, elle, doit restaurer six siècles plus tard un tableau de Bosch. Et pendant que Bosch compte fleurette à Aleyt sous la houlette d’un hibou envoyé par Dieu le père, Mathilde va elle-aussi avoir des soucis avec les créatures endiablées de Hyeronimus. Mais Bosch va enfin découvrir que le démonicide est la solution, risquée, mais efficace.

On aurait pu facilement tomber dans le tragique avec Bosch. Griffo a subtilement évité le piège. Son Bosch est un brave type qui a des visions, les peint et en fait aurait besoin d’un bon psy. Le parallèle avec la spécialiste qui restaure un tableau est astucieuse. Tous les deux en arriveront à la même conclusion, le démonicide ou vernis magique. Les démons que l’on voit apparaître ou disparaître sont des feux-follets diaboliques que Lucifer veut libérer comme Bosch voudrait délivrer son esprit. Griffo dont le dessin est lui aussi magique a raconté une histoire fantastique, sympathique et dans la lignée parfaite de l’œuvre de Bosch qui racontait de bien édifiantes histoires proches du futur esprit du 9e art. Comme dans tous les albums de la collection, un cahier remet en perspective à la fin de l’album la vie de Bosch et ses principaux tableaux.

Les Grands peintres, Bosch, Le jugement dernier, Glénat, 14,50 €

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