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Volage, la torture par l’espérance

Il n’est pas très heureux de se faire torturer en permanence aux enfers McGilles. Bon il est mort et il n’a pas gagné la vie éternelle car dans le genre tueur avide il a fait fort. Et on lui propose le tour du propriétaire infernal ce qui ne l’enchante pas. Donc un seule solution, se barrer en se la jouant grande évasion. Sauf que faut pas prendre le diable et consort pour des enfants de chœur. Volage va pourtant lui ouvrir une porte avec l’aide de Stephen Desberg au scénario et de l’incomparable Tony Sandoval au dessin qui atteint un degré de créativité, une beauté féroce tout à fait captivante sur laquelle repose beaucoup cette histoire au demeurant fantastique de torture par l’espérance.

Il est donc mot McGilles et il s’est réveillé aux enfers. Visite guidée, choix variés des plus atroces à faire, du masochisme à l’état pur. Agonie perpétuelle sous l’œil de l’Équarrisseur et ses chiens. Il s’était fait des illusions McGilles en croyant que le pire il l’avait fait ou vécu de son vivant. Travaux forcés et il se fait des copains don un ancien SS, Fegelein vrai nazi bon teint. Il y a Anne Bonny, ex-capitaine pirate qui aimeraient bien faire une fugue en bonne compagnie. Il y a aussi Jack l’éventreur, Locuste l’empoisonneuse, neuf au total qui décide de tenter le tout pour le tout. Mais va y avoir du déchet d’autant qu’ils arrivent dans un paysage de guerre à outrance où est déjà l’Équarrisseur. Massacres, cadavres, les chiens mais McGilles a des pouvoirs. Pas de carte de l’enfer et pourtant ils franchissent des étapes pour enfin rencontrer Volage mais qui est-elle vraiment ? Une aide ou un piège ?

Torquemada fait de la figuration avec Isabelle de Castille. Tous damnés mais résistants quand même avec une caravane d’animaux uniques. Le périple est pavé de mauvaises intentions. On pense un peu à du Tim Burton revisité gore mais avec aussi une belle dose de poésie sombre à la Baudelaire. Un scénario d’une extrême richesse, des traitrises, des manipulations, ou marchandages, peut-on vraiment s’échapper de l’enfer ? Les couleurs, le graphisme, le trait et les expressions des personnages, les décors parfois dignes de Bosch ou inspirées par lui, le tableau de Nomé, Sandoval a signé un grand œuvre. Au final un album qui est aussi une belle aventure émouvante.

Volage, Chronique des Enfers, Daniel Maghen, 25 €

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