Chère créature, un amoureux monstrueux et aquatique

La créature du lac, David Lean, Sir Alfred pour les cinéphiles, Fellini aussi pour certains des personnages comme Giuletta, ou des influences plus littéraires, comme le dit Craig Thomson dans sa préface, Jonathan Case signe avec Chère créature un ouvrage qui a un charme fou. Graphiquement on est bouche bée. Scénaristiquement, ce presque Fantôme de l’Opéra en eau de mer tient bien le cap. Être ou ne pas être, telle est la question pour Grue qui va découvrir aussi les vertus de l’amour. Case dont on se souvient du New Deal a sorti en 2011 ce brillant album qui vient juste d’être traduit et publié en France. Incomparable.

Chère créature Une tête au cerveau apparent, un corps d’humain au profil de grenouille, Grue hante les bas-fonds de l’océan. Il a un petit côté nécrophage et ses copains les crabes aimeraient bien qu’il entende raison. Car il a un problème la créature. Dans des bouteilles de Kiki Coca il a découvert des poèmes. Hormis ses pulsions intellectuelles, Grue en a d’autres plus charnelles dans tous les sens du terme. Il aime la chair fraîche, Grue et une belle brune sur le sable va en faire les frais. Certes il est un peu effrayant avec sa grande bouche et ses gros yeux mais il a de l’humour. Ce qui n’est pas le cas de la jeune fille qui se balance du haut du phare terrifiée. Les bimbettes il est censé les manger pas leur parler. Dans les bouteilles ce sont des textes de Shakespeare qui sont enfermés.

Une histoire à chapitres pour que Grue sache qui est l’expéditeur de ces bouteilles. Dans un scaphandre pour passer inaperçu ou déguisé en femme, un flic qui s’étonne des disparitions sur la plage et qui a dû voir Les Dents de la mer, Grue qui fait du cheval, Jonathan Case lâche la bride à son imagination et à sa fantaisie. Le restaurant Le Mame où dîne Grue servi par une méduse vaut le détour. Grue découvre comment les bouteilles sont mise à l’eau. C’est un curieux Grue, prêt à tout pour découvrir par tous les moyens les subtilités de ces humains si bizarres. Mais il a un bon fond. De l’humour, du drame, un OVNI cet album qui surprend de bout en bout. Poétique en diable le Grue au corps de monstre mais si tendre avec sa Giuletta un brin zinzin. Une ligne claire pour ce Don Quichotte de la mer qui est un sacré séducteur de lecteurs.

Chère créature, Glénat, 16,95 €

Chère créature

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