L’Arche de Néo, sauve qui peut

Panique à la ferme, une ZAD où ont été recueillis des animaux en souffrance et même une ex-star de la pub, Néo, un petit cochon charmant désormais retraité. Il a piqué la place de favori au matou du coin, pas content. Il y a un coq, une brebis et Renata la vache laitière. Quand la volaille débarque, c’est sauve qui peut pour éviter l’Abattoir, un lieu maudit dont personne n’est revenu sauf le chien, Flèche, qui en sait beaucoup. Un drame animalier avec un bel échantillon d’animaux qui ont une conscience, qui parlent comme nous et qu’il ne faut pas prendre pour des canards sauvages. Stéphane Betbeder et Paul Frichet au dessin plus couleur font dans le grandiose, la grande évasion façon la ferme en folie. Un dessin qui a la force des grands films d’animation et un scénario très bien construit. Mais où est le paradis, pour ces rescapés provisoires de la rafle mortelle direction le monstrueux abattoir ?

L’Arche de Néo Le chat, Ignoble créature le bien nommé, borgne et méchant, ne supporte pas que Néo, cochon nain, vedette de la pub à la retraite pour obésité progressive, ait pris sa place sur le canapé. Il fait accuser Néo d’être aller fourrer son groin dans la tombe du père canin de Flèche. Erreur fatale car la vérité va éclater même si Néo prend un bain forcé. Le petit cochon rêve de vivre sur Pig Island aux Bahamas, une île où est arrivée par hasard une colonie de cochons protégés. Mais ça tourne mal à la ferme. Les poulets en carapace noire sont venus expulser les squatters qui occupent pacifiquement la ferme avec leurs animaux. On embarque toute monde, vaches, taureau, chèvres, moutons sauf ceux qui ont compris qu’il vaut mieux prendre le maquis pour échapper à l’Abattoir de sinistre réputation. Soizic la brebis bretonne, Ferdinand la poule qui se prend pour un coq, Néo font la malle et se réfugient dans la forêt où les autochtones, les sauvages, n’aiment pas les domestiques. Sauf un métis, lièvre-lapin, qui va les aider. Renata, la vache, les rejoint. Le lièvre leur explique comment animaux qui ont déplu aux dieux sont sous la coupe des humains. Ce qui n’est pas rigolo, la preuve.

À mort, les vaches !

Pas vraiment un conte qui fait dans la dentelle. L’abattoir est décrit dans ses moindres détails, la violence contre les animaux aussi. Ils sont astucieux, combattifs et courageux pour sauver du boucher Bruce le bœuf. Des scènes d »anthologie comme la traversée de la route par la petite troupe et un porc-épic qui veut sauver son fils. Le commando dans l’abattoir est à la fois drôle et émouvant. Sans oublier qu’on se demande où est passé ce tordu d’Ignoble créature. Betbeder, après Liaisons Dangereuses, a changé de registre. On y croit à ses révoltés qui tentent le tout pour le tout et qui vont nous transformer en végétariens.

L’Arche de Néo, Tome 1, À mort, les vaches, Glénat, 14,94 €

À mort, les vaches !

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